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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Miss Charity

Miss Charity

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MISS CHARITY

tome 1. L'enfance de l'art

Scénario: Loic Clément adapté d'un roman de Marie-Aude Murail.
Dessin : Anne Montel
Couleurs : Anne Montel
Éditions : Rue de Sèvres



Une excellente adaptation réalisée par Loïc Clement du roman de Marie-Aude Murail, dans lequel on se plonge avec un plaisir qui ne faiblit jamais, rehaussé des aquarelles délicates et vivantes d'Anne Montel.
 

Loïc Clement et Anne Montel nous plongent dans le monde magique et poétique de Miss Charity, une jeune héroïne très singulière qui a souhaité s’extraire du carcan conservateur de la société victorienne de l’Angleterre de la fin du XIXe siècle. Londres 1875. Charity Tiddler, cinq ans, vit recluse dans la nursery du 3e étage de la grande bâtisse de ses parents. Elle est élevée par Tabitha, sa bonne écossaise, et Mademoiselle Blanche, sa gouvernante française, qui lui enseigne l’aquarelle et dont elle se sent très proche. Charity n’a de contact avec sa mère que le dimanche, lorsqu’elle doit accomplir son devoir religieux et dîne avec ses parents uniquement pour son anniversaire.
Pour ne pas mourir d’ennui, Charity s’est créé une famille de substitution et trouve du réconfort dans la petite ménagerie qu’elle cache dans la nursery, ne mettant dans la confidence que sa bonne et sa préceptrice. C’est donc entourée de Madame Petitpas, Mme Tutu, Master Peter, Julius le rat, Darling le crapaud, Jack le hérisson, Cook le canard et Petrucio le corbeau que Charity grandit, se découvrant une passion pour la peinture et la mycologie, au grand désespoir de sa mère et de tout son entourage .
Dans cette adaptation prévue en 3 tomes nous faisons la connaissance de notre héroïne par un triste dimanche de l’hiver 1875, dans la maison familiale . Charity Tiddler a alors 5 ans et elle doit accomplir son devoir dominical : subir l’interrogatoire de sa mère, quant à ses connaissances religieuses, qu’elle doit puiser dans le guide spirituel du jeune enfant. La petite fille répond docilement aux questions maternelles car elle a tout appris par cœur, mais cela ne l’empêche nullement de trouver ces questions ainsi que les réponses attendues par sa mère, parfaitement stupides. Car Charity n’est pas une petite fille comme les autres. Elle acquiert très vite une grande indépendance d’esprit et une rapide précocité. Elle n’a pas le choix. Enfant unique, elle souffre d’une immense solitude. Délaissée par ses parents qui trouveraient choquant de s’occuper d’un enfant alors que la bonne peut se charger de cette tâche socialement indigne ! Tabitha, la bonne écossaise, est donc sa seule compagnie et la nourrit de ses histoires délicieusement effrayantes.

La petite Charity était donc condamnée à périr d’ennui et de solitude dans sa nursery froide. Mais trois rencontres vont en décider autrement.
La première a lieu alors qu’elle a cinq ans, sous le tapis de la salle à manger. C’est une ravissante souris qu’elle installe dans un carton à chapeaux que Charity baptise Madame Petitpas et qu’elle observe passionnément. C’est Madame Petitpas, bientôt suivie par toutes sortes de bestioles, souris, hérissons, escargots, têtards, crapauds, rats, loirs, rossignols et autres lapins, qui fait naître en elle sa passion pour la biologie, la botanique et la zoologie.
La deuxième, c’est la découverte des livres de son père dans la bibliothèque. Elle dévore tout, et notamment les pièces de Shakespeare, qu’elle lit à son rat Julius. Le théâtre tiendra une place importante dans sa vie, à dix ans elle connaît Hamlet par cœur .
La troisième enfin, c’est l’arrivée dans la maison de sa gouvernante française, Blanche Legros, avec laquelle elle s’entend à merveille. Elles deviendront des amies. Entre autres choses, Mademoiselle lui apprend l’aquarelle, un art qu’elle va maîtriser parfaitement et grâce auquel elle peindra tous les animaux qu’elle héberge dans sa nursery.

Ainsi se déroule l’enfance de Charity, consacrée presque exclusivement à l’étude et aux expériences scientifiques. Quelques voyages rompent la monotonie de ses jours, un Noël à la campagne, chez sa marraine, Lady Bertam, où elle fait la connaissance de ses cousines et où elle rencontre d’autres enfants. Et puis les étés à la campagne où son père loue une maison. Elle peut alors vagabonder dans les champs et se livrer à ses chères études. Elle rencontre aussi Kenneth Ashley, un ami de ses cousines, issu d’un milieu plus pauvre que le leur .Elle l'imagine tel un renard rusé et vif à chacune de ses apparitions furtives elle parait déjà sous le charme du jeune goupil.

Nos deux auteurs réussissent à nouveau un tour de force nous livrant un personnage magnifique que l’on garde longtemps en soi une fois le livre refermé. Avec une excellente évocation de l’Angleterre de la fin du XIXème siècle, des notations très fines, piquetées d’humour, sur les codes sociaux, le rôle des maris, la place des femmes, celle des artistes, des éditeurs, tout cela est passionnant.
Cette bd magnifiquement adaptée du roman de Marie-Aude Murail prouve que la littérature pour la jeunesse est une littérature à part entière, créative et forte qui peut sans difficulté séduire un public adulte.



Sébastien
Chroniqueur
La Bande Du 9
 


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