La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Arkansas, 1864. Alors que la guerre de sécession fait rage ; alors que l’état est déchiré entre unioniste abolitionniste et sudiste esclavagiste, une équipe de scientifiques débarque au camp de Camden. Outre la trappeuse Lawrence Becking,  il y a l’éminent professeur Cyrus Powell et son jeune assistant aux dents longues Bruce Taylor. Ils ignorent tout de la situation du camp unioniste. Miné par le manque de vivres, les soldats du Nord sont d’accord pour libérer les esclaves noirs mais pas pour  les intégrer dans l’armée. Alors, de là à leur donner la même solde… Pourtant, sous les ordres du capitaine Jackson, un bataillon noir tente et réussit une embuscade sur un convoi de ravitaillement sudiste, retardant d’autant la mutinerie. Malheureusement, le capitaine Préham s’en sort miraculeusement et jure de se venger. Alors, assurer la sécurité de ce groupe de scientifiques en goguette n’est absolument pas la priorité. C’est donc Jackson et  ses hommes qui reçoivent l’ordre de s’en charger…
 
Après une ouverture aussi mystérieuse que le titre de cet album, Sylvain Rumberg et David Dusa mettent l’accent sur le sort des soldats noirs dans l’armée unioniste et ce n'est pas reluisant ! La plupart des soldats blancs acceptent de se battre pour les libérer de l’esclavage mais de là à se battre à leurs côtés… C'est donc tout naturellement à eux qu'on confie le sale boulot ; c'est tout naturellement eux aussi qui doivent subir les brimades et les bagarres pour un oui ou pour un non.  Le tout pour une solde inférieure ! Mais pour le capitaine Jackson, la seule solution pour faire changer les choses, c’est de se montrer plus vaillant et plus patriotique que les autres.  Cependant, parmi ses hommes, les voix discordantes se font de plus en plus virulantes.  C’est pour casser cette dynamique infernale que l’état-major unioniste choisit ces hommes pour une mission aussi extraordinaire que dangereuse. Ils vont devoir accompagner deux scientifiques et leur guide à travers les Monts Ozaks, sur les terres d’Indiens ralliés aux sécessionnistes, sur les traces d’un peuple de géants. La boucle avec l’ouverture est bouclée et le lecteur peut alors s’immerger dans une partie plus fantastique. Chose très originale avec cette toile de fond particulière ! Le dessin est signé Juliette et Stéphane Créty. Outre les paysages assez sensationnels grâce, entre autre, à la colorisation d’Elvire de Cock, ce sont bien les personnages qui marquent le plus. Le style du couple de dessinateurs leur donne un air tourmenté, toujours en questionnement et sur la corde raide. Cela permet de montrer toute la tension, les haines et la violence subie par toutes les communautés ! Seul élément d’espoir, et encore, la présence d’une femme, et plutôt jolie, comme trappeuse. L’ombre de Calamity Jane plane mais cela laisse présager également d’un rôle plus conséquent. Pour le reste, les cadrages et la mise en page sont variés et font toujours mouche. Et il ne faudrait pas oublier la fin qui nous dévoile un dernier rebondissement et qui nous laisse en plein suspense. Il va malgré tout falloir patienter plusieurs mois avant, enfin, savoir ce qu'il arrive à… mais j’en ai déjà trop dit.
 
Pour en savoir plus, une seule solution lire cet excellent album !

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