La bande du 9 : La communaut du 9ème art

A travers des comtes et des histoires populaires, nous suivons Maitre Renard aider Juliette dans sa quête de sens à sa vie
Remarquable ouvrage construit comme une ode au renard et à la nature signé Jean Claude Servais
   
À la quarantaine, Juliette est restée la bonne copine. Amoureuse d’Arnaud depuis l’enfance, elle est restée célibataire, refusant les avances des autres hommes ; même si cela fait longtemps que son promis n’a pas donné signe de vie. Professionnellement, malgré la solidité de son projet, elle n’est pas prise au sérieux par le maire. Alors , un soir où la quête de sens se fait plus fort, elle se livre à une cérémonie chamanique pour découvrir son animal totem. Septique dans un premier temps, elle se rend compte qu’elle est confrontée de plus en plus fréquemment au renard et doit se rendre à l’évidence : il est son totem ! Grâce à ses qualités (l’élégance et la rapidité) mais aussi à ce qu’on pense être son principal défaut (la ruse), le goupil va la guider dans sa vie vers la réussite et pourquoi pas vers le bonheur...
 
On connaît la passion de Jean-Claude Servais pour la faune et la flore, bref la nature qui l’entoure ; celle, au combien somptueuse, des Ardennes. Cette fois, l’artiste quitte les rives de la Meuse et nous embarque avec lui sur les traces du renard. Il nous livre également une surprise : ce n’est que le premier animal d’une longue liste ! Dès l’ouverture, nous faisons la rencontre de Juliette. La quarantaine, célibataire, elle vit et travaille dans une petite ville mais rêve de nature. En quête de sens, elle se livre un soir à une cérémonie pour découvrir son animal totem et découvre qu’il s’agit du renard. Débute alors pour le lecteur une double narration comme sait si bien le faire Jean-Claude Servais. C’est ainsi qu’on découvre l’origine de la queue des animaux ou des saisons. Toutes ces histoires ont un point commun : le goupil ! Bien sûr, certaines sont célèbres : qui ne connaît pas le corbeau et le renard ; même si, ici, la version d’Esope est préférée à celle de La Fontaine. D’autres sont moins familières et beaucoup plus courtes ; et on se demande parfois quel est le lien avec Juliette. Mais c’est bien elle, le fil rouge de cet ouvrage. C’est bien sur ce que peuvent nous apporter la littérature populaire et la nature que l’artiste veut nous faire réfléchir. Pas de prise de tête ou de "c'était mieux avant" mais plutôt une méditation, une contemplation face à la sagesse ancestrale et à la beauté de la nature. Cette beauté que Jean-Claude Servais dessine comme nul autre. On se prend immédiatement d’affection pour Juliette, jeune femme quelconque à la recherche de vérité et de nature. L’identification est d’autant plus facile qu’elle habite dans une petite ville comme il en existe tant en Europe et qu’elle a à subir la misogynie ambiante. Héros tout désigné de l’album, le renard est plus vrai que nature. L’anthropomorphisme joue à plein et on prend plaisir à suivre le rusé animal traverser les vignettes en se jouant des cadres. Difficile, enfin, de faire l’impasse sur la colorisation de Guy Raives qui fait la part belle à tout ce que le vert compte de nuances mais qui nous renvoie également à la fraîcheur et à la candeur des images d’Épinal.
 
Véritable ode à la nature et à un de ses animaux le plus fascinant, Renard rusé saura faire voyager et rêver tous les lecteurs.

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