La bande du 9 : La communaut du 9ème art

La guerre se poursuit au Mexique. Le lieutenant Sauvage est devenu capitaine avec tout ce que cette promotion implique de changements. Le gamin est devenu un guerrier mais les jeux diplomatiques vont lui apprendre un autre sens du mot trahison !
Yann et Félix Meynet livrent la conclusion de cette vendetta mexicaine. Une fin si ouverte qu’on ne demande si ce n’est pas qu’un début. Mais après tout, messieurs les auteurs, aux vues des qualités de cette fresque historique, ce serait un plaisir de vous suivre jusqu’au bout du monde !
 
La guerre se poursuit au Mexique. D'un côté, l'empereur Maximilien soutenu par la France de Napoléon III. De l'autre le président du Suarez. Et puis il y a, depuis peu, un nouveau joueur la personne des États-Unis. Officiellement neutre le voisin du Nord, enfin débarrassé de sa propre guerre, se verrait bien agrandir son territoire. Le tout en accusant la France d'avoir dégainé la première ! C'est dans ce contexte que le capitaine Félix de Castelbajac, plus connu sous le pseudo de Félix Sauvage, accompagné du capitaine Hugon, se voit envoyé de l'autre côté du Rio Bravo afin d'en apprendre davantage sur les velléités Yankees. À la suite d'une rixe dans un bar, Hugon est arrêté et condamné, non sans avoir fourni d'importants renseignements qui, complétés par ceux de Sauvage, vont permettre aux troupes impériales de remporter une victoire éclatante et de rester au Mexique. Pour la jeune Esméralda, après quelques menus larcins, elle va intégrer une troupe de danseuses et présenter un show typiquement mexicain sous le nom de scène Black Calavera. Mais que ce soit pour la France, pour Félix ou pour Esmeralda, cette situation complexe peut-elle durer encore longtemps ?

La vengeance du jeune capitaine Sauvage accomplie, on aurait pu s'attendre à la fin de la série. L'importance prise par un personnage secondaire en a décidé autrement. Lorsque la route de Félix a croisé celle d'Esmeralda, le lien entre ces deux-là est devenu l'élément d'une nouvelle intrigue. Dans ce cinquième opus de cette magnifique fresque historique, cette intrigue secondaire va trouver sa résolution dans une épilogue pour le moins romanesque. Pour Yann, c'est l'occasion de porter le lecteur jusqu'à la fin de l'expédition française au Mexique. Si le cadre diplomatique prend beaucoup de place, il n'enlève rien au rythme soutenu de l'album. Les scènes d’échauffourées succèdent à celles de bagarres ou de batailles rangées. L'ensemble est entrecoupé par le repos du guerrier bien mérité ainsi que par l'évocation du sort d'Esmeralda. Cet épisode outre-Atlantique n'est pourtant pas le plus connu du règne de Napoléon III puisqu'on lui préfère souvent les travaux haussmanniens de la capitale. On en apprend donc beaucoup sur cette période d’autant que le scénariste aux multiples réalisations est comme toujours particulièrement au point sur le sujet. Il utilise avec beaucoup de justesse ce contexte pour faire se croiser ses héros. Pour le dessin, c'est toujours Félix Meynet qui officie. Le dessinateur de Tatiana K et des Eternels (déjà avec Yann) aime croquer la gente féminine mais ici, la guerre est plutôt une affaire d'hommes. Et quels hommes puisque tous sont les dignes successeurs des héros de Sergio Leone et tant pis pour l’anachronisme ! Fort en gueule, le revolver léger, ces amoureux des saloons le sont aussi des jolies filles et pour le lecteur, c'est le dépaysement assuré ! D'autant que le trait fin est réhaussé par une colorisation qui distille à merveille l'ambiance. Parfois sombre et dramatique, parfois chaude et lourde, la colorisation vient renforcer l'impression de vérité avec des uniformes aussi criants de réalisme que somptueux !

Avec ce cinquième opus se clôt brillamment la saga Sauvage. Une série d'aventure historique haute en couleur et en rebondissements, une série qui ravie et ravira tous les amateurs du genre ; ainsi que tous les autres !

x J'aime