Ça y est ! Charlène a intégré la toile. Plus exactement, elle est devenue la nouvelle protégée d’Arachné.

Charlie a donc accès à tous les clubs VIP mais aussi au cœur et au lit de la bras droit d'Anansi. Rapidement, l'organisation lui confie sa première mission : elle doit livrer une commande XXL à un excellent et richissime client. C'est sans problème pour la détective sous couverture. Dans le même temps, elle continue à rendre visite à son coéquipier, lieutenant John Brandt, gravement défiguré par un adepte de la Spider. Et puis, elle a pris contact avec un spécialiste des araignées pour en découvrir davantage sur la drogue, les araignées et leurs effets secondaires. Profitant de sa position, Charlie réussit à lui fournir de nombreux échantillons. Tout se passe plus ou moins pour le mieux jusqu'à ce qui arrive mission plus compliquée. Charlie va devoir choisir entre son addiction et sa droiture, son travail et son plaisir. Le sort de Detroit est entre ses mains…
Si vous avez peur des araignées, cet album, et plus globalement la série, n'est pas fait pour vous ! Ou alors, uniquement si vous aimez vous faire peur ! En effet, dès les premières pages, le lecteur est immergé dans un monde extrêmement particulier. À l'image du premier épisode,

l'album s'ouvre sur une scène africaine qui, bien qu’assez énigmatique, nous apprend les origines de la Spider. Et quand je dis les origines, je suis très généreux car cela n'indique que le continent d'origine. Par la suite, on retrouve un Détroit d'un genre post apocalyptique dans lequel gravitent le duo de flics Brant et Dubowski. C'est un des points forts de cet album. L'atmosphère et l'intrigue sont d'une noirceur d'une immense intensité. Obscurité propre au truand et au trafiquant de drogue mais également à l'araignée, redoutable prédateur. Obscurité également toute en opposition avec la joie, le bonheur bref la luminosité des trips dispensés par la drogue. Attention, il ne s'agit aucunement d'un retour des années 60 au temps du sexe drogue et rock'n'roll. Non, il s'agirait plutôt d'une interminable descente aux enfers, mélange de
Trainspotting et de
Shining. Bien sûr, il s'agit d'une enquête policière : des flics d'élite doivent démanteler un dangereux trafic de drogue. Mais la science-fiction n'est jamais très loin ! La drogue en question ayant de très graves, et irrémédiables, effets secondaires. C'est probablement cet aspect qui marque le plus. Surtout que Stefano Raffaele réussit le tour de force de donner à voir cette chute vertigineuse à travers l'évolution spectaculaire de son personnage principal. Pour cela, il utilise à merveille toutes les ficelles de la mise en page. Alternant la superposition de grandes bandes, autant pour marquer les ellipses que pour créer des ambiances, avec de

splendides demi-pages (allant parfois jusqu'à des doubles planches) ou des damiers très serrés pour accélérer le rythme, le dessinateur italien nous propose un travail digne du cinéma. Évidemment, les décors apocalyptiques sont ultra spectaculaires, les personnages ont du charme à revendre mais c'est bien l’atmosphère mortuaire qui marque le plus. Un peu comme si un courant d'air venait en permanence vous souffler dans le cou ; une inquiétude diffuse, un
Horla permanent.
Spider est donc une drôle de bête ; mélange de roman policier noir et de science-fiction bien déjantée. Le diptyque est également très addictif tant l'Homme aime à se faire peur, surtout lorsqu'il y a une jeune et jolie proie. Si une piqûre d'araignée se fait rapidement oublier, méfiez-vous, celle de cette
Spider laisse des traces beaucoup plus profondes.
La Bande Du 9