Nom de la série : Elias Ferguson
Tome : 3
Titre du Tome: 1939, et l'eau devint rouge
Scénario : Simon SECOND
Dessin : Lender SHELL
Couleur : Albertine RALENTI
Maison d'édition : Vents d'ouest
La guerre se rapproche dangereusement et Elias Ferguson a beau tout tenter pour l’éviter, elle se rappelle constamment à lui et à ses proches. Reussira-t-il à réaliser le rêve de son père ou seulement à rester en vie ? Un épilogue efficace bien que très rapidement bouclé.
1939, le feu a jailli et la terreur balaie la mer. C’est dans ce contexte qu’Elias Ferguson et l’entreprise familiale se retrouvent embringués dans une mission de guerre. Alors qu’il pensait participer à une mission d’exfiltration d’un savant allemand, il participe à une action de sabotage. Furieux, le jeune patron vole dans les plumes du maître espion anglais Cavendish ! Lequel lui rappelle qu’il a les moyens d’engloutir tout le projet paternel. Et puis, Elias et Francis ont d’autres chats à fouetter. Durant l’opération, ils ont dû faire face à des sous-marins nazis rivalisant vitesse et en maniabilité avec leurs bathyscaphes. Pour Elias, c’est obligatoirement l’œuvre de Lockhart et il fait irruption dans le bureau de l'ingénieur renégat. Mais ce que le scientifique finit par lui avouer sème encore un peu plus le doute dans l’esprit du jeune chef d’entreprise. C’est alors que les États-Unis reviennent dans le jeu : ils aimeraient que les sous-marins d’Élias convoient de l’uranium jusqu’aux États-Unis. Contraint, Elias accepte, mais lui et les siens se retrouvent bientôt au pied du mur. Une nouvelle fois…
Orphelin un brin rebelle, surdoué sociopathe, Elias Ferguson a été contraint de reprendre l’entreprise familiale et de faire sien le rêve utopique et pacifiste de son père. Grâce à des ingénieurs réputés, il a multiplié les brevets et réussi à créer un train sous-marin et les bathyscaphes qui l’escortent. Seulement, en cette année 1939, les bruits de bottes sont en passe de devenir une réalité et les différents gouvernements mettent toujours davantage de pression sur le jeune homme qu’ils pensent pouvoir manipuler à leur guise. C’est dans cette situation que s’ouvre cet album. Au large des côtes allemandes, Elias et Francis sont à la tête d’une flottille de bathyscaphes pour une simple mission d’exfiltration. Sauf que les ordres ont changé deux semaines auparavant, sans que le jeune homme et son chaperon n’en soit avertis. Face à la colère du jeune capitaine d’industrie, le gouvernement britannique joue la carte du rapport de force. Ce n'est cependant pas le seul problème, les nazis semblent avoir obtenu des informations confidentielles. Il y a des fuites chez Ferguson ! Et puis il y a les premiers émois. Amour, guerre et trahison, tel pourrait être le sous-titre de cette série. Pour cet ultime épisode, le scénariste reprend la même formule : les péripéties s’enchaînent à un rythme agréable, toutes introduites par la (ré)apparition d’un nouveau personnage. Si l’aspect récit d’initiation est toujours présent, il tombe un peu à plat à l’extrême fin. En effet, l’épilogue laisse le lecteur sur sa faim et la référence à Némo tombe un peu à l’eau. C’est d’autant plus dommage qu’on prend plaisir à lire ce troisième opus même si le trait de Lender Shell a quelque peu évolué. Le personnage principal est devenu plus anguleux, preuve d’un gain de maturité et de virilité. Les autres oscillent parfaitement entre hypocrisie et amitié, sans qu’on sache très bien à qui rattacher ces pensées ! La partie science-fiction est très aboutie avec des sous-marins futuristes et des monstres aquatiques préhistoriques. Le tout se fond à merveille dans les ultimes préparatifs de la 2nde Guerre mondiale. En contradiction totale avec le caractère pacifique d’Elias, ce sont les scènes d’action qui marquent. Si certaines sont parfois un peu statiques (il est toujours difficile de montrer une porte fracturée), les scènes de combat sous-marins sont très réussies. La variété des angles de vue et de mise en page apporte un dynamisme et une tension qu’on ne retrouve que dans les meilleurs blockbusters du genre. Enfin, la mise en couleur assurée par Albertine Ralenti apporte beaucoup de luminosité aux grands fonds et une lumière tamisée propre à la fin des années 30.
L’eau devint rouge et l’épilogue part quelque peu à vau-l’eau. C’est dommage car le cœur de cet album est intéressant et plutôt bien construit. Cela donne une impression d’une fin qu’il fallait impérativement terminer, mais qui n’est pas complètement aboutie. Elias Ferguson méritait un peu mieux.