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La dernière nuit d'Anne Bonny La dernière nuit d'Anne Bonny

La dernière nuit d'Anne Bonny

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Nom de la série : La dernière nuit d'Anne Bonny
Scénario : Claire RICHARD
Dessin : Alvi RAMIREZ
Couleur : Alvi RAMIREZ
Maison d'édtion : Le Lombard

Ancienne pirate reconvertie en maquerelle impitoyable, Anne Bonny consacre sa dernière nuit à raconter son histoire. Une histoire si captivante que la Mort elle-même s’arrête pour l’écouter. Adaptation très réussi du podcast à succès d’Arte radio !
 
Un soir, dans le quartier français de la Nouvelle Orléans, Anne Bonny croise la mort. Cette dernière l’informe qu’elle viendra la prendre à la fin de la nuit. Pour la maquerelle, cela signifie qu’il est temps de remettre les pendules à l’heure sur sa vie. Son histoire, elle a été racontée par le capitaine Johnson mais l’auteur a beaucoup inventé et Anne aimerait lui raconter Sa vérité. Elle convoque donc sa plus ancienne pute, et également sa préférée, pour qu’elle couche par écrit ses mémoires. Plusieurs siècles plus tard, deux historiens s’interrogent également sur la véracité des propos du biographe officieux. Ils commencent même un dialogue avec leur sujet…
Si les histoires de pirates ont toujours la côte, celle d’Anne Bonny est en train d’exploser celle de tous ses homologues masculins. Il y a quelques semaines de ça, un des spécialistes de la piraterie en bande dessinée, Franck Bonnet, lui consacrait un très bon premier album. Il faut dire que le personnage en impose. Fille bâtarde d’une servante et d’un avocat, son père finit par la reconnaître lorsqu’il fait fortune grâce à une plantation en Amérique. Par la suite, elle écumera la mers des Caraïbes avec son second époux, Jack Rackham et une autre pirate, Mary Read, avant d’être arraisonnée, jugée puis de finir maquerelle à la Nouvelle-Orléans. Une vie de liberté qui apportera fortune et gloire à son biographe non officiel, le capitaine Johnson. Cette existence extraordinaire, Arte radio en a fait un podcast à succès qui est maintenant adapté en bande dessinée. Pour faire simple, c’est une quasi transcription parfaite des paroles du podcast en images, la bande son en moins. C’est ainsi qu’on fait la rencontre d’une vieille dame dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans. En pleine rue, elle croise la Mort qui lui annonce qu’elle viendra la chercher à la fin de la nuit. À peine de retour dans son établissement que la maquerelle décide de mettre ses affaires en ordre. Elle appelle sa fille préférée, Apolline, et lui annonce qu’elle lui laisse tout mais qu’elle va devoir écrire, et écrire vite, toute la nuit. En effet, la vieille dame souhaite rétablir la vérité, Sa vérité sur Son histoire. Dans ce récit cadre vont donc se multiplier les flashbacks. On débute bien sûr par l’enfance d’Anne puis son adolescence et ainsi de suite. L’originalité tient à l’intervention régulière de deux historiens, un homme et une femme, qui vont se crêper le chignon sur les inexactitudes et les imprécisions. C’est comme cela que la conception d’Anne Bonny va se transformer en un vaudeville façon guignol, pour le moins cocasse. Ces interventions montrent également au lecteur que l’histoire est une science humaine et donc qu’elle évolue en fonction des Hommes qui la font. Il est donc logique que la biographie de la pirate soit très subjective. Au départ plutôt surprenant, on finit par s’habituer à ces assertions. Mieux, on les attend ! Il faut dire que si le podcast est diffusé en 9 parties, l’album compte 155 pages ! Et même si la vie d’ Anne Bonny est extrêmement bien remplie, le lecteur risque d’éprouver quelques signes de fatigue avant d’arriver au bout. Cela serait malgré tout dommage d’abandonner en route car une sacrée surprise nous attend en guise d’épilogue. Le dessin est assuré par Alvaro/Alvi Ramirez. Si c’est son premier ouvrage publié, iel nous prouve qu’iel a le talent nécessaire pour faire une belle carrière ! L’aspect caricatural des personnages est extrêmement attachant et permet de jouer avec la communication non verbale aussi efficacement que le ton de la voix. Le dynamisme est bel et bien au rendez-vous même si ce n’est pas la nerf de la guerre de cet album, les amateurs d’abordage risquant d’être un peu déçus. Les passages temporels sont aisément identifiables et au final, on passe un bon moment en compagnie d’Anne Bonny.
C’est donc une biographie drôle et vindicative que La dernière nuit d’Anne Bonny et, puisque c’est de saison, c’est une biographie à lire au coin du feu, accompagné d’un bon verre de rhum (avec modération bien sûr !).

A propos du chroniqueur

Nom d'utilisateur : boil

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