Nom de la série : La vallée du vivant
Scénario : Fabien Rhodain
Dessin : Alicia Grande
Couleur : Tanja Wenisch
Maison d'édtion : Grand Angle
Juliette est éco-anxieuse et cette problématique la gêne tant dans sa vie personnelle que professionnelle... Lorsque son père décède et qu’elle découvre une photo mystérieuse, elle décide de partir mener l’enquête ! La Vallée du vivant nous plonge alors dans un voyage initiatique plein d’espoir au cœur de la Drôme ! Une BD intéressante à la croisée de l’écologie et du développement personnel.
Juliette est donc une trentenaire parisienne mal à l’aise dans sa vie citadine et professionnelle. Employée dans le secteur du marketing, elle ne trouve plus de sens à son métier et se débat avec une profonde éco-anxiété, ce mal diffus qui touche de plus en plus de personnes face à l’état inquiétant de la planète.
Le décès de son père, peu après celui de sa mère, va déclencher en elle un basculement inattendu. En vidant la maison familiale, Juliette découvre une vieille photo annotée d’un mystérieux poème signé "Pierre & Rachel". Cette énigme familiale va l’entraîner jusqu’à Die, dans la Drôme, où elle espère percer ce secret tout en fuyant sa vie devenue étouffante.
Mais ce voyage se transforme vite en un chemin initiatique : Juliette enquête non seulement sur son père, mais surtout sur un territoire singulier, la Biovallée, modèle de transition écologique et d’expérimentations durables. Au fil de ses rencontres – agriculteurs, artisans, militants écologistes ou encore membres de communautés alternatives – elle entrevoit une autre manière de vivre, plus harmonieuse, plus sobre, moins anxiogène. Un chemin qui lui permet de mieux comprendre le monde, son héritage familial... et elle-même.
Le scénario imaginé par Fabien Rodhain mêle subtilement intrigue personnelle et documentaire engagé sur l’écologie. En effet, le prétexte narratif – cette photo énigmatique trouvée dans les affaires du père défunt – sert surtout à conduire Juliette (et le lecteur) à la découverte d’une région encore peu connue du grand public : la Biovallée, territoire exemplaire de la Drôme engagé dans des pratiques durables.
Ce qui m’a touché dans cette histoire, c’est la façon dont l’auteur parvient à donner des clés pour mieux vivre avec son éco-anxiété. Loin de se laisser submerger par un sentiment d’impuissance face à la crise climatique, cette BD propose des pistes et des exemples réels qui inspirent. On découvre des initiatives locales qui fonctionnent : permaculture, énergies renouvelables, solidarité entre habitants… autant de solutions qui rendent l’avenir un peu moins sombre. Certains passages documentaires peuvent sembler trop démonstratifs, et l'intrigue familiale se révèle peut-être un peu décevante mais cela reste secondaire car l'essentiel est ailleurs : éveiller les consciences, proposer des alternatives crédibles et montrer que d'autres façons de vivre sont possibles...
Graphiquement, l’album est une vraie réussite. Les paysages de la Drôme sont magnifiquement mis en valeur par des planches lumineuses et colorées qui donnent envie de s’y promener pour de vrai. On sent que l'illustratrice s'est inspirée de lieux réels. Les personnages se révèlent attachants et tout cela contribue à installer une atmosphère réconfortante et donc cohérente avec le propos de l’ouvrage.
La Vallée du vivant est donc une invitation à réfléchir autrement notre rapport à la nature ou à la consommation. En racontant l’histoire de Juliette, elle parle à toutes celles et ceux qui cherchent à mieux vivre leur éco-anxiété et à imaginer des modes de vie plus respectueux de l’environnement. Et en nous ouvrant les portes de la Drôme et de ses paysages splendides, elle donne surtout envie de ralentir, de respirer…
Une BD à lire pour rêver un peu, s’informer beaucoup… et agir peut-être.
