Nom de la série : Le serpent majuscule
Scénario : Pierre LEMAITRE
Dessin : Dominique MONFERY
Couleur : Dominique MONFERY
Maison d'édition : Rue de Sèvres
Mathilde a toujours été reglo dans son travail: jamais un coup de feu plus haut que l'autre ! Mais aujourd'hui, elle s'accorde une petite fantaisie ! Simple distraction ou pétage de plomb complet ? Partick Lemaitre s'associe avec Dominique Monféry pour adapter son premier roman noir. Contrat totalement réussi !
Une ruelle sombre. Une cabane de chantier. Sur le passage piéton à proximité, un homme promène son chien. Alors qu’il dépasse la remorque, une ombre l’attend avec une arme. Le premier coup de feu lui pulvérise l'entre-jambe, le second la tête, le troisième son chien. Tout ça, c’est l’œuvre de Mathilde. Tueuse à gage professionnelle, elle n’a jamais commis la moindre bavure, jamais une balle plus haute que l’autre, toujours un travail propre et soigné. Pourtant, ce soir, pour l’exécution de Philippe Biasini, l’un des plus grands patrons français, elle s'est accordée une fantaisie. C’est l’inspecteur Vassiliev qui est chargé de l’enquête. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle s’annonce complexe car la police n’a pas la moindre piste. Si ce n'est le calibre de l’arme, probablement un Desert Eagle ! Pour le commanditaire aussi, le compte n’y est pas et il charge Henry de remettre les pendules à l’heure. Une fois chose faite, Mathilde peut reprendre du service. Elle a juste oublié de changer d’arme. Elle a oublié également qui était sa nouvelle cible. Bref, la police va avoir du travail, beaucoup de travail...
Récompensé par son roman Au revoir là-haut par le prix Goncourt, on connaît également les talents de Pierre Lemaître quant à la bande dessinée. Il n’est qu’à voir la qualité du scénario de la Brigade Verhoeven avec Yannick Corboz. Cette fois, il s’associe avec Dominique Monfery pour adapter son roman noir Le serpent majuscule. L’album s’ouvre sur une scène d’exécution aussi gore qu’originale. Non pas que la victime soit extravagante ; son assassin en revanche… Elle sort gentiment de chez elle, un pavillon cossu, accompagnée de son chien. Oui, j’ai dit « elle ». Loin de faire dans la discrétion, Mathilde utilise un très gros calibre et explose sa cible de trois balles en commençant par ses parties génitales. Le ton est donné ! Et en même temps, ce premier assassinat marque le début d’une longue descente aux enfers pour Mathilde et surtout pour son entourage. Longue descente mais certainement pas lente ; les morts s’empilant rapidement sur le bureau de l’inspecteur Vassiliev qui est le second rôle parfait. Chaque relais de narration devient ainsi l’occasion d’en apprendre davantage sur le grand inspecteur, plus à l’aise avec les cadavres qu’avec la gente féminine. Il faut également compter sur les flashbacks qui nous font remonter le temps aux côtés de Mathilde jusqu’aux origines de sa vocation. Pour parfaire l’ensemble, on note le soin tout particulier accordé aux dialogues. Il y a ceux de Mathilde bien sûr, qui s’avèrent acerbes à souhait mais aussi ceux du commissaire, le supérieur de Vassiliev, en permanence à côté de la plaque mais toujours dans les stéréotypes. Cet aspect très incisif, on le retrouve sous le crayon de Dominique Monfery. Personnage plus vrai que nature malgré un petit côté caricatural (on s’attendrait presque à découvrir Delon, Belmondo ou Gabin au détour d’une page) ; décors ultra réalistes et mise en page d’une redoutable efficacité. Le lecteur est totalement piégé : impossible de sortir indemne de cette enquête et le pire, c'est qu'on adore ça ! On en redemande même et on dévore l'album d'une traite !
Vous qui aimez les intrigues policières à l’ancienne avec des personnages forts, vous allez adorer ce Serpent majuscule tant pour la qualité de son scénario, la « délicatesse » de ses dialogues et son trait affûté ! Contrat rempli haut la main pour Pierre Lemaître et Dominique Monfery.