Nom de la série : Spy Superb l'espion ultime
Titre du Tome: Spy Superb
Scénario : Matt KINDT
Dessin : Matt KINDT
Couleur : Sharlene KINDT
Maison d'édtion : Futuropolis
Le spy superb, l’espion ultime est mort ! Qu’à cela ne tienne, on n’a cas le remplacer ! Matt Kindt prend les crayons pour mettre en image sa propre parodie des récits d’espionnage. Rafraichissant et plutôt drôle, c’est une jolie réussite !
Le superviseur de l’opération Half Huit est sur le pied de guerre. Son meilleur espion, surnommé spy superb, a été retrouvé mort dans le coffre d’une voiture tout juste vendue. Sa mission était de rapporter un téléphone contenant les informations top secret. Il s’agit d’une liste de personnes capables de faire exploser tout le système : la liste des spy superb ! En effet, cet espion ultime, fruit du travail des services français et américains, cet espion légendaire n’est qu’une légende ! C’est Jay qui va récupérer le téléphone. Libraire insatisfait et écrivain incompris, il est le candidat idéal, l’idiot utile si parfait qu’il ignore qu’il est un espion. Pourtant, par un concours de circonstances invraisemblables, il pénètre dans sa propre double vie. Après s’être extirpé d’un piège tendu par trois tueurs professionnels russes, il s’autopersuade être un agent dormant qu’on vient de réveiller. Il file alors sur les traces de celles qu’il pense être la cible des tueurs...
Lorsqu’on pense parodie de récit d’espionnage, mon cœur balance entre Austin Powers et Casino Royal. Attention hein, celui de Peter Sellers ! Dans son nouvel album sobrement intitulé Spy superb, l’espion ultime, Matt Kindt, scénariste ultra en vogue, rend hommage à ce genre quelque peu mis de coté. Il fait le choix d’ouvrir son album sur une scène improbable. Un cadavre est caché dans le coffre d’une voiture à même la chaîne de fabrication. Un hommage assuré à La mort aux trousses et un message à tous les maîtres espions. Ce qui surprend le plus, c’est que cette scène est racontée par deux voix off totalement inconnues. Il faut quelques pages pour que les cerveaux du lecteur réussissent à remettre les choses à leur place. Quelques pages afin qu’on comprenne le concept de Spy superb. Pour faire simple, américains et français ont créé l’espion ultime, si fort qu’il a réussi à transformer sa propre mort, pour le moins stupide, en ruse afin de mieux disparaître. On sent déjà l’humour caustique. C’est le responsable du service qui nous explique la situation. Prenez un pigeon à l’ego boursouflé et en mal de reconnaissance, donnez-lui une mission sans qu’il soit au courant et vous obtenez le meilleur espion au monde ! Cette fois, c’est Jay Bartholomew qui tiendra le rôle central. Par un concours de circonstances improbables, il récupère un téléphone et, persuadé que sa propriétaire est en danger, il décide de le convoyer jusqu’en Australie. Sauf que le téléphone en question contient des informations top secrètes. Tout doucement, l’intrigue va déraper. Après quelques coups de génie, l’imbécile va se convaincre qu’il est un véritable agent et il va contraindre une véritable espionne à travailler avec lui. Bien sûr, les duos improbables sont des classiques de la parodie et des esprits chagrins auront beau jeu d’affirmer qu’il n’y a rien de neuf sous le soleil. Pourtant, le tandem fonctionne bien et les situations dans lesquelles il se fourre et dont il sort de façon surprenante sont extraordinaires tout en étant judicieusement construites. Si on connaît Matt Kindt pour son savoir-faire de scénariste, il possède un joli coup de crayon. Grâce au sketchbook situé à la fin d’album, on découvre la réflexion de l’artiste en même temps que quelques esquisses et autres crobars. Surtout, on découvre qu’il avait d’innombrables idées et que, très souvent, il est revenu à des choses beaucoup plus classiques. Cela fonctionne donc bien sans tout bouleverser. Les flashbacks sont facilement identifiables, les personnages sont sympathiques et leurs gestes sont transcrits de manière dynamique et originale. Jouant sur la construction en gaufrier assez classique, Matt Kindt varie les angles de vue : il ralentit les dialogues et s’amuse des zooms avant et arrière. Un véritable travail de réalisateur de cinéma ! Ce dessin original est mis en couleur par son épouse Sharlene Kindt dans des teintes pastelles délavées qui renforcent le côté daté et décalé de l’histoire.
Si le spy superb est une légende parmi les légendes, son histoire devrait sans aucun doute ravir les amateurs d’espionnage comme la parodie.