Titre du Tome: The Bridge
Parmi les emblèmes de New York, le pont de Brooklyn a une place à part.Peter J Tomasi et Sara Duvall nous raconte pourquoi dans un roman graphique absolument monumental.
Hiver 1852, un ferry est bloqué par la glace sur l’East River. À son bord le jeune Washington Roebling imagine un pont pour relier de New York à Brooklyn. Il devra cependant finir ses études à l'exigeant Institut Polytechnique Rensslaer puis s’engager comme lieutenant-ingénieur dans l'armée de l'Union
avant que son père n'accepte de l'associer au projet. Chanceux, il profite de ces années à l'armée pour trouver le grand amour dans les bras de la douce Emily Warren. À la mort accidentelle de son père, John Roebling, c’est donc à Wash, alors âgé de 32 ans, qu’incombe la lourde charge de construire le pont. Les épreuves douloureuses vont malheureusement se succéder : les habitants des deux rives sont septiques ; les ouvriers tombent malades les uns après les autres ; certains même meurent. L'ingénieur en chef, Washington lui-même, est atteint de la maladie du caisson (en réalité la maladie de décompression). Lourdement handicapé, il finira le chantier depuis sa fenêtre laissant à ses assistant, mais surtout à son épouse, la charge de transférer ses ordres et de contrecarrer les projets des politiciens aussi carriéristes que corrompus pour, au final permettre à New York de rejoindre Brooklyn.
Bien avant la Freedom Tower et le World Trade Center ; avant même l'Empire State Building et la Statue de la Liberté, le pont de Brooklyn était le symbole de la ville de New York. S'il fait désormais partie du paysage urbain de Big Apple, sa conception et sa construction ne furent pas une sinécure. Cette histoire a inspiré le scénariste Peter J Tomasi. Il faut dire que le prolifique auteur de comics est un amoureux de sa ville, New York, et un passionné d'histoire américaine comme l'a prouvé son spectaculaire
Dans l'antre de la pénitence. Point de force surhumaine ici mais toujours une pointe de folie du genre humain. C'est ainsi que nous découvrons la famille Roebling : le père John d'abord, puis le fils Washington et enfin son épouse Émily. Le scénariste colle au maximum à ce que l'on sait de cette époque et si la résolution est évidente (le point existe bien aujourd'hui) la construction méritait bien un album. L'accent est mis sur les difficultés de réalisation. Toutes les difficultés, qu'elles soient techniques, matérielles ou politiques. Chacune constitue une péripétie toujours très détaillée. Les données techniques sont nombreuses mais ne gênent en rien la compréhension. Tout au plus apprend on que le scénariste s'est beaucoup documenté. S'il en est une autre qui a dû crouler sous la documentation, c'est évidemment Sarah Duvall. La jeune dessinatrice de Seattle signe ici son premier roman graphique ; et cela ne devrait pas être le dernier. Avec un style très fluide, qui n'est pas dans son rap
peler
Les aventures de Tom Sawyer en dessin animé, la dessinatrice donne énormément de charisme à ses personnages. Elle réalise également une belle palette de personnages secondaires identifiables et caractérisables au premier coup d'œil. A mon sens, le seul point discutable viendrait de la colorisation : un peu trop vive, elle ne correspond pas à l'époque. Mais après quelques pages, on s'y fait facilement.
C'est donc un album qui rend hommage à un édifice remarquable, fruit du génie d'une famille. Une grande aventure humaine et un modèle pour tous.