La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Sérine est l'aînée d'une fratrie de 5 enfants d'une famille de la petite noblesse désargentée. Espiègle, la jeune fille préfère amuser ses frères et son père plutôt que d'apprendre les bonnes manières maternelles. Las, lorsque le père décède, la mère décide qu'il est temps de la mariée. Sérine préfère s'enfuir et entrer comme demoiselle de compagnie de la reine. Elle ignore qu’au palais, les dames de compagnie valsent plus vite que les caprices de la reine. Les débuts sont donc compliqués et par la suite, c'est pire ! tant les rivalités sont exacerbées. Heureusement, Sérine peut compter sur son amour des mots, sa gentillesse et sa sincérité pour se faire des amis. Et tant pis s’ils n'appartiennent pas à la cour. Tout doucement, Sérine va bousculer les us et coutumes, semer une belle pagaille sans se rendre compte qu'elle joue sa vie...

L'album s'ouvre comme un conte de fée Disney. Une jeune fille vit avec ses frères et ses parents sans le sou dans le manoir familial. Malgré la ruine, Sérine est le rayon de soleil et de bonne humeur de la maison. Et tant pis pour sa marâtre de mère nettement plus grincheuse. C'est malheureusement elle qui prend la tête de la maison lorsque le père meurt et elle compte bien marier sa fille unique au plus vite et au meilleur parti. C'est oublier l'espièglerie de Sérine qui fugue et se retrouve à la cour. Sur un malentendu, elle se retrouve demoiselle de compagnie de la reine. Pas de réel changement pour la jeune fille qui passe de la méchanceté de sa mère à celle de la reine. Irascible et susceptible, cette dernière change de demoiselle très régulièrement et oblige ses souffre-douleurs à lui offrir un présent pour se faire pardonner leur bévue. C'est véritablement là que l'intrigue gagne en épaisseur. Puisque Sérine n'a rien, elle va trouver des subterfuges pour garder sa place. Sans le vouloir, elle va découvrir un complot contre du roi et mettre sa vie en danger. Pour l'album, c'est l'occasion de passer à la vitesse supérieure. Grimée, Sérine va pouvoir laisser s'exprimer sa fougue et son imagination. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça va déménager. Pour le lecteur, c'est le meilleur moment. Le rythme est extravagant et les rebondissements aussi solides et drôles qu’efficaces et nombreux. C'est d'autant plus vrai que le trait de Kerascoët s'affranchit des cadres pour toujours plus de vie et de dynamisme. Cela donne un sentiment absolu de liberté qui colle parfaitement à l'esprit de l'intrigue. Les décors, eux, sont somptueux. Tout le contraire des personnages secondaires, la reine en premier lieu dont la représentation caricaturale exagère la méchanceté et les autres défauts. Le tout est admirablement réhaussé par une colorisation pastel qui renforce le caractère plaisant.

Il y a quelques mois de cela, je m'enthousiasmais pour Peau d'homme de Zanzim. Dans un autre registre, ce De cape et de mots est du même tonneau et je souhaite à cet album la même destinée.

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