La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Strasbourg en juillet 1518 est une ville admirée de tous. Mais les dernières années et la multiplication de catastrophes naturelles vont faire sombrer la ville dans une grande famine entraînant la mort des plus faibles. De nombreuses familles qui ne peuvent plus nourrir leurs enfants passent pas des infanticides. Le pont du corbeau devient alors un triste lieu connu pour ces méfaits. Enneline, comme tant d’autres femmes, doit se résoudre à cette solution. Après son geste impardonnable, la femme du graveur rentre chez elle avec le poids de la culpabilité. A bout de nerfs, ses pieds commencent à trembler, puis tout son corps, poussé par une folle envie d’aller danser dans la rue. Sous les yeux ébahis de son mari et des passants, elle est rejointe par un autre désespéré, puis encore par une autre, des dizaines, des centaines de personnes s’amassent ainsi sur la place de la ville pour danser jours et nuits sans objectif apparent. Les autorités ne comprennent rien à ce phénomène. Est-il d’ordre religieux, maladif, naturel ou surnaturel ?
 

Le XVIème siècle n’est surement pas la meilleure période de l’histoire, les villes sont régulièrement touchées par la famine, les maladies qui font des ravages. On pourrait être tenté de croire dans un premier temps que les auteurs ont voulu dresser un tableau satirique de cette période en créant une nouvelle maladie à savoir une épidémie de danse. Avec cette simple analyse, l’album devient alors sympathique, drôle, où la dénonciation devient amusante. Les autorités sont dépassées et la religion en prend pour son grade.
 
Mais en poussant un peu plus loin les recherches, cette histoire n’est pas un récit de fiction. Ces faits se sont réellement passés, plusieurs villes ont déjà été touchées par ce phénomène qui reste encore inexpliqué. Et alors là, le récit prend une autre dimension puisqu’il devient instructif à en faire froid dans le dos.
Richard Guérineau a réussi quant à lui à faire une belle adaptation graphique de cette histoire, avec un style bien différent de ce que nous lui connaissons habituellement. L’ambiance est bien représentée, l’auteur se permet quelques prouesses graphiques avec tous ces corps qui dansent, on sent derrière quelques heures de travail pour arriver à cette justesse.
Un album qui par son originalité vaut le détour de s’y attarder.
 

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