La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque les passagers du Gloris se réveillent, ils se pensent sur la station balnéaire Paradis Lunella. En réalité, ils ont dérivé pendant 179 ans et se sont écrasés sur Kayenn, une planète à la végétation aussi dense qu’inhospitalière. Parmi les derniers réveillés, le capitaine Sonntag a une attitude très troublante. Mais après tout,  peut être s’interroge-t-il sur les raisons de cette catastrophe et cherche-t-il un moyen de repartir…
Exilium est le baptême du feu pour Cédric Simon. Bien aidé par Eric Stalner, tant au scénario qu’au dessin, il signe un album d’introduction bien construit et intriguant. Un essai réussi qu’il faudra confirmé avec la suite de ce triptyque.
 
 Mardi 27 septembre 2189, le Gloris, joyau de la flotte spatiale humaine s’apprête à effectuer son voyage interstellaire vers la station balnéaire Paradis Lunella. Alors que les 2728 passagers fêtent leur départ avec un cocktail de bienvenue sous le regard paternel du capitaine Sonntag, les 322 hommes et femmes d’équipage mettent les propulseurs en marche. Pour tous, il ne s’agit que d’un simple vol de routine : 27 jours en chambre de stase à faire de jolis rêves et enfin, les paysages de rêve, bien réels ceux ci.
 
Malheureusement, au réveil, rien ne s’est bien déroulé comme prévu : le Glory a dérivé pendant 179 ans avant de s’écraser sur une planète aussi inconnue qu’inhospitalière. Les premiers humains réveillés ont construit une cité près de la carcasse du vaisseau et quelques antérieurs, des humains nés sur Terre sortent encore parfois de leur stase. C’est le cas de Sonntag. À peine éveillé, il est confronté à une végétation aussi dense que dangereuse et conduit devant le « premier »,  le chef autoproclamé de la communauté. Il charge Sara de lui inculquer les règles de base mais deux questions demeurent : pourquoi le Gloris a-t-il dévié de sa trajectoire vers ce lieu maudit ? et les hommes pourront-ils un jour en repartir ?
 
Un vaisseau spatial qui dérive. Une planète inconnue et inhospitalière. Vous allez me dire que le scénario concocté par Cédric Simon et Éric Stalner semble être du réchauffé. J’entends également les mauvaises langues affirmer qu’il s’agit de sa première publication, qu’il est jeune… Je vous arrête tout net ! Il y a quelque chose de déstabilisant dans cette histoire et ce dès le début. Il faut quelques pages avant de comprendre que cela vient de la voix off, celle du personnage éponyme Koios. Mais qui est donc ce fameux Koios à la fois omniscient et omniprésent ? Que souhaite-t-il ?
 
Voilà donc ce qui constitue une grande partie de l’intrigue. L’autre partie est presque plus terre-à-terre. Sur notre planète, l’homme domine et parfois, souvent, malmène la nature. Et si cette nature se révoltait ? Considérations écologiques donc mais surtout fantastiques. Si vous rajoutez un rythme saccadé parfaitement en adéquation avec le récit, vous obtenez un très bon scénario.

Après la trilogie historique Saint-Barthélémy, Éric Stalner conserve le format mais tombe dans une potion de science-fiction. Évidemment, son style reste immédiatement reconnaissable et son trait réaliste fait merveille, dans cet univers hostile. En même temps, depuis Le Roman de Malemort, le dessinateur parisien est comme un poisson dans l’eau avec les forêts inexpugnables. Il évite également l’écueil de la confusion des personnages : malgré leur nombre assez important, tous sont identifiables au premier regard et non dépourvus d’un certain charisme. C’est un indéniable mélange de talent et de maturité.
 
Mais ne nous enflammons pas. Ce premier opus Exilium est intéressant, intriguant certes, mais il nous faut attendre la suite pour savoir si elle peut intégrer le Panthéon de la SF. Que l’on se rassure, les trois épisodes sont programmés dans l’année.

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