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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Interview Frédéric et Julien Maffre - STERN

Interview Frédéric et Julien Maffre - STERN

Bonjour Messieurs,
C’est un énorme plaisir personnel que de pouvoir échanger avec vous sur votre série Stern et peut être également la faire découvrir aux internautes via notre jeu concours ou bien via la boutique de Julien.

Ceci dit, le tome 1 c’est vendu à plus de 20 000  exemplaires. Que représente pour vous ce chiffre ? Une réussite, une déception ?
Julien Maffre : Je sortais le champagne à 5000 exemplaires, donc tout va bien.
Frédéric Maffre : Mon seuil de plénitude existentielle était justement à 20.000 exemplaires, du coup tout va bien ! La série débutait, les auteurs n’étaient pas ou peu connus, l’approche un peu oblique, la concurrence féroce, nous aurions très bien pu disparaître dans la masse mais Dargaud nous a soutenus, nos intentions ont été comprises et nos espérances largement dépassées. Pourvu que ça dure !
 

 
Visiblement, un troisième tome est annoncé, Est-ce que vous vous êtes fixé une planification, un objectif par rapport à Stern afin de nous livrer des informations sur le fil rouge ou bien vous abordez tome après tome en fonction du succès ?
FM : On ne peut pas parler de fil rouge au sens strict, mais nous ne naviguons bien sûr pas à vue. L’idée est que chaque album se démarque du précédent, nous avons fait un pari avec la direction plus légère du tome 2 et le tome 3, qui sera donc encore une fois dans un autre ton, est déjà très avancé dans la direction empruntée, sans doute trop pour que les retours des critiques ou du public influent en profondeur sur la feuille de route, pour le coup l’instinct prévaut. Il y a peu de chances que l’on voit un jour « Le croque-mort et les extraterrestres », mais l’idée est de surprendre le lecteur, et de nous surprendre nous-mêmes.
 
Vous êtes frères, vous travaillez ensemble sur cette série, Comment s’organise cette complicité ? Est-ce que les repas de famille du dimanche, ne se transforme pas finalement en réunion de travail ?
FM : On s’y retrouve, il y a bien sûr beaucoup de mails, mais nous avons pas mal de sensibilités communes, c’est donc assez facile d’accorder nos violons.
JM: On a vu ou lu les mêmes choses à peu près au même moment, on se comprend rapidement, la symbiose scénariste/dessinateur s'est faite naturellement. Et ça prend une place assez conséquente dans nos conversations, on se téléphone régulièrement et on parle de Stern quasiment à chaque fois!
FM : Je propose une matière brute, Julien commente et propose ses dessins, je rebondis à mon tour sur ses idées pour le découpage… Je crois savoir qu’il n’y a pas trop d’egos ingérables dans le milieu de la BD mais nous sommes vraiment au service de l’album, sans chercher à marquer notre territoire à tout prix.
 

Au sujet de Stern, comment est né cette idée et ce personnage ? Est-ce un souvenir d’enfance, un jeu entre vous ?
FM : Il y avait à la base un vieux pitch imaginé pendant l’adolescence, qui mettait au premier plan les habituels personnages secondaires du genre au fond hérités de Lucky Luke, le mexicain somnolent, la danseuse de saloon, le blanchisseur chinois… Ca n’est jamais allé plus loin que ça mais quand j’ai eu l’occasion de travailler avec Julien j’ai repensé à cette idée et dans ce groupe une figure a fini par se détacher : le croque-mort.

Un internaute m’a demandé de vous posez la question qui restera surement en suspense, Pourquoi le nom de Elijah Stern ? Et pourquoi une fonction de Croque mort ?
FM : Rien de mystérieux  là-dedans, j’avais le nom « Stern » en stock depuis un certain temps, c’est un mot un peu sec (qui  signifie « sévère »  en anglais) qui colle bien à un personnage d’un abord pas spécialement joyeux. 
JM: "Stern" est aussi la deuxième syllabe du mot "Western". Il y a un rappel niveau sonorité, mais Fred l'a fait de manière inconsciente.
FM : Le prénom « Elijah » tient juste à une question de sonorité, « Elijah Stern » est en outre le nom civil d’un méchant Marvel très secondaire, je m’en suis rendu compte après coup mais je n’ai rien changé, j’espère juste ne pas me prendre de procès…
Quant au choix du croque-mort par rapport aux autres seconds couteaux c’est un archétype fort, qui véhicule tout une imagerie et constitue un bon contrepoint aux personnages plus classiques de pistoleros implacables. Encore aujourd’hui ça reste un métier à part qui peut susciter le rejet et crée là encore une dynamique intéressante pour le personnage. J’ai récemment croisé en dédicace un employé de pompes funèbres, mon premier, et il était heureux de voir que nous n’étions pas tombés dans le cliché du vautour vêtu de noir toujours prêt à prendre les mesures de ses clients potentiels.

 
 
Dans le tome 2, vous égratigniez bien la société de Kansas City ? Tout porte à croire que cela n’est pas innocent et que vous souhaitiez faire une satire de notre propre société ou cela n’a-t rien à voir ?
FM : C’est tout à fait fortuit, 2 grosses influences de l’album ont été l’After hours de Martin Scorsese, film méconnu sur la nuit cauchemardesque d’un pauvre gars perdu dans New York qui n’est effectivement pas dénué d’esprit satirique, et la comédie américaine des années 30, qui pour le coup était un vrai poil à gratter sur les rapports hommes/femmes. On peut imaginer qu’un transfert s’est opéré, mais mon principal souci restait d’écrire une histoire tenant la route…
 
Dans la cité, on y retrouve un libraire qui est obligé d’avoir un autre métier plus rémunérateur, un peintre quasi SDF, un Stern amateur de lecteur qui semble bien être le seul, Est-ce que l’on doit y voir une quelconque allusion aux difficultés de la profession ?
FM : C’est une lecture intéressante, là encore je n’y  avais pas pensé. L’une des thématiques de la série est la place de la Culture dans un environnement rude et pas vraiment intellectuel, ce qui fait de Stern un personnage doublement à part. Ensuite la condition d’artiste n’a jamais été simple, on trouvera toujours plus de Van Gogh et d’Erik Satie que de Stephen King  et de Picasso. Choisir cette voie c’est forcément courir le risque de s’exposer à un rejet parfois violent.
 

 
Julien, tu utilises une technique bien particulière à savoir que tu travailles en numérique mais que ta mise en couleur est à l’aquarelle. Pourquoi ne pas faire tes planches en tradi et inversement pourquoi ne pas utiliser l’outil informatique pour la mise en couleur ?
JM: J'ai toujours eu des problèmes à l'encrage sur papier, où je passais finalement plus de temps à retoucher mes planches qu'à les dessiner. Travailler en numérique m'apporte plus de confort (les retouches se font en un clic), et de produire plus de pages. J'y ai largement gagné! Sauf sur les planches originales. Quant à la mise en couleur, elle est en fait mixte, avec une partie en lavis monochrome sur papier et une partie en numérique (luigi critone utilise la même technique sur "Je, François Villon" par exemple). J'aime les accidents, la texture, le grain qu'apporte l'aquarelle, mais j'ai encore besoin de la souplesse du numérique, où les erreurs sont facilement réparables.
 

 
Sans nous dévoiler le tome trois, est ce que vous auriez une petite indiscrétion à nous transmettre ?
FM : Chaque tome correspondant peu ou prou à une saison, le tome 3 se passera du coup en hiver. Attendez-vous à de la buche, du sapin et des petits souliers…
JM: Et il se passera à nouveau à Morrison, le village du premier tome...
 
Merci à vous pour cet échange et bonne continuation avec Stern.


Eric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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