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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article Interview Pour Drones

Interview Pour Drones

Acheter sur BD Fugue Bonjour Stéphane, Bonjour Sylvain,
 
Après avoir évoqué ces derniers mois, sur le site de la Bande Du 9, indépendamment l’un de l’autre, certaines de vos nouveautés, je pense notamment à Warship Jolly Roger, Martin Bonheur ou encore Reconquêtes,
 
Nous allons cette fois ci, parler avec plaisir de votre nouvelle série : Drones.


Tout d’abord, aviez-vous déjà eu l’occasion de travailler ensemble, comment s’est mise en place votre collaboration ?
 
Sylvain Runberg : « Drones » est notre première collaboration. Stéphane et moi nous connaissions un peu via les réseaux sociaux, nous avions déjà évoqué l’idée de travailler ensemble, et comme l’éditeur de « Drones » au Lombard était une connaissance commune,
Stéphane Louis : Sylvain est le seul scénariste à qui j’ai fais « du pied ». Sur facebook, je lui ai dit que si l’occasion se présentait, j’aimerai travailler avec lui, et comme on était tous les deux au Lombard, ça a pu se faire car le « ticket » intéressait notre éditeur. Voilà ;)
SR : C’est comme cela que les choses se sont mises en place.
 
 
Qui de vous deux a eu l'idée de départ de cette série Drones?
 
SR : J’avais déjà le projet en tête depuis un moment, et comme d’habitude (mais il y a des exceptions) je propose en général mes scénarios seul aux éditeurs, c’est aussi ce qui s’est passé ici. C’est un sujet qui me tenait à cœur, et qui se prêtait à mes yeux de manière toute naturelle à un projet d’anticipation.
SL : Quand je suis dessinateur, je suis en mode « exécutant ». Je laisse donc le scénariste me proposer son idée. Là, j’ai accroché tout de suite.


Vous vous inspirez des événements d'actualité. Dès lors pourquoi placer cette histoire dans le futur ?
 
SR : Parce que je pense que le danger des drones de combat, c’est qu’ils risquent de prendre de plus en plus d’importance dans les stratégies militaires futures. Je voulais donc projeter le lecteur un peu plus en avant dans l’avenir, à un moment où ces drones sont employés de manières offensives et meurtrières par la plupart des forces armées dans le monde, et notamment, ici, européennes. Et où ces machines de guerre sont donc un élément central et systématique des stratégies de combats, où les commandements militaires ont définitivement intégrés leur utilisation dans les zones de conflits, en tant qu’armes à part entière, et plus seulement en tant que technologie de surveillance ou « d’assassinat ciblé ».
SL : En ce qui me concerne, extrapoler la technologie actuelle vers ces futurs drones, et tout ce qui les entoure, était un élément motivant, pour un dessinateur. Il se trouve qu’un des aspect de mes drones, le visage, et les quatre yeux, communs à tous les drones, volants, roulants, et marchants, de l’album, ressemble à un drone de course qui vient de sortir et que je n’avais donc pas vu avant ! La réalité vient déjà de nous rattraper !


Et pourquoi avoir choisi la vieille Europe et la Chine plutôt que les Etats Unis et le Moyen Orient?
 
SR : Parce que plusieurs pays européens, dont la France, ont annoncé, ou sont tentés, d’intégrer des drones de combats à leur arsenal militaire. Ça risque donc d’arriver sous peu. Et placer le terrain des opérations en Chine, c’était à la fois rappeler que les grands ensembles politiques finissent très souvent par s’effriter, et que la technologie des drones a pour particularité d’avoir des soldats qui interviennent militairement sur des terrains d’opérations dont ils peuvent être distants de plusieurs milliers de kilomètres. C’est une des thématiques centrales du problème lié aux drones. L’absence de contact direct avec les « cibles ». 
SL : Sylvain a tout dit concernant son choix. De mon côté, je trouve pertinent le choix du combat asymétrique. Il montre bien l’absurdité des conflits modernes. Leur stérilité, et les éléments d’escalades inévitables qu’ils portent en eux.
 
 
Avez-vous eu peur de froisser certaines personnes ou religion ou bien au contraire, est-ce un choix de ce dire que les intégristes du moment ne seront peut être pas ceux de demain et que tout cela est finalement cyclique ?
 
SL : Les religions. Vaste débat. Mélanger Religion, textes, et foi. Je pense, déjà, qu’avant de parler de religion on devrait demander aux gens en quoi ils croient. Les croyants sont souvent attaqués sur les textes, alors que beaucoup ne croient pas dans l’image d’Epinal du patriarche à grande barbe assis sur des nuages, pas plus que dans un ami imaginaire. A l’inverse, une nouvelle génération d’athées ultra militant font beaucoup de mal à l’athéisme à cause de leur approche agressive de la religion. Ils postent des citations, des images, des références, et se construisent petit à petit leur propre crédo ce qui, à l’arrivée revient au même que les religions qu’ils condamnent. Ils ont foi dans leur démarche, leur croyance, qui n’a pas plus de preuves que ceux d’en face. Si chacun pouvait croire, ou pas, librement, sans que quelqu’un veuille lui imposer sa vision, on pourrait se dire que l’humanité à fait un grand pas vers une forme de sagesse globale. Mais en auront-nous le temps ? Je ne le sais pas.
SR : Toute religion peut être la proie d’intégristes qui s’en servent comme paravent pour des desseins violents et totalitaires. Aujourd’hui, on a tendance à se focaliser sur les extrémistes qui se réclament de l’Islam, mais on oublie que des millions de personnes ont été tuées dans la passé au nom du Catholicisme par exemple.
Par essence, un extrémisme peut se baser sur absolument n’importe quelle idée et la dénaturer. Qu’au nom de l’écologie il faudrait exterminer l’espèce humaine ou que les programmateurs informatiques devraient régner en maitres sur nos sociétés, on peut imaginer beaucoup de choses, tordues et dangereuses, même si elles sont absurdes au départ. Et elles se nourrissent de l’ignorance et de la propagande.
SL : Pour répondre plus précisément à la question, je n’aime pas choquer les gens, et je ne pense pas que l’approche de Sylvain puisse choquer qui que ce soit. Elle peut interroger, par contre, et je pense que c’est là son but, et son intérêt.
SR : en tant qu'athée, je considère que la liberté de croyance religieuse est une liberté fondamentale. On ne peut pas reprocher à quelqu'un d'avoir des croyances religieuses. Mais les religions doivent aussi respecter les libertés fondamentales qui devraient nous êtres communes, et d'ailleurs, beaucoup le font. Puisque nous sommes en Scandinavie avec "Drones", quel rapport entre l'église protestante suédoise, qui célèbre des mariages homosexuels, où les pasteurs sont aussi bien des hommes que des femmes, qui peuvent être mariés, qui peuvent divorcer, où l'évêque de Stockholm est une femme, mariée à une autre femme, et, par exemple, l'église catholique française, où une femme n'est, en 2015, toujours pas considérée comme digne d'accéder à la prêtrise, sans même parler des sujets précédents ? Il est évident que le problème est que des individus prétendent parler au nom d'une divinité, et imposer leurs points de vue, leurs frustrations, leurs obsessions, sur d'autres individus, en se drapant dans le rôle de celui dont la parole ne peut être remis en question. On est jamais loin d'une forme de dictature dans ces cas là. Et ça vaut pour tous types de croyances, religieuses ou pas.




Comment avez vous procédé pour imaginer une Chine et un Danemark du futur? Avez-vous effectué des repérages par un petit voyage avec une machine à voyager dans le temps ;) ?
 
SR : C’est un futur proche, je me suis contenté d’extrapoler sur certaines situations géopolitiques déjà existantes. ;)
SL : Comme Sylvain. J’ai extrapolé la chine et le Danemark actuels avec de petits ajouts, discrets, qui font que c’est presque maintenant, mais pas vraiment. Quelques droides par ci par là, presque effacés. Des vêtements à peine différents des nôtres. De nouveaux buildings au Danemark, qui n’existent pas aujourd’hui, mais on reconnaît pourtant les lieux, etc.



Cette série, aborde la technologie des drones et de la guerre à distance, avez-vous eu l’occasion de discuter avec des militaires pilotes de drones afin de savoir comment cela fonctionne réellement ou bien avez-vous de grandes connaissances techniques sur le sujet?
 
SL : Non, mais j’ai fais mon service militaire dans l’armée de l’air. En Escadron de chasse comme marqueur opération. Je passais les plans de vols aux pilotes, et nous étions très peu d’appelés. Nous étions au dessus des hangars, devant les pistes. Je voyais les avions, les pilotes, les mécanos, toute la journée. J’ai appris aussi la reconnaissance aérienne (reconnaître des avions, en petit, dans de ciel, de jour comme de nuit), des termes d’avioniques, etc. J’ai même pu faire un vol sur Fouga Magister, et tenir le manche le temps de quelques figures. Tout ceci m’a nourri, et servi pour Drones. Sinon, le web est mon ami.
SR : Il y a en fait beaucoup de documentations disponibles sur les drones militaires, de témoignages, d’enquêtes, de recherches. Pendant la réalisation de ce premier album, il ne se passait pas un mois sans qu’on ne voit paraitre un article sur le sujet dans les médias, preuve que c’est malheureusement d’actualité ! Les problématiques évoquées dans l’album, les liens étranges qu’entretiennent certains pilotes de drones avec leurs machines, le stress, la dissociation qui se fait entre ce qui se passe sur le terrain, les victimes, militaires ou civils de ces drones, et ceux qui les pilotent, l’inquiétude de certains militaires sur le sujet, tout cela est inspiré de faits réels, et qui se déroulent déjà de nos jours. 
 
Peut-on s'attendre à un développement plus psychologique dans le second tome?
SR : Absolument
SL : Tout à fait.
 
 
Merci Messieurs pour vos réponses et le temps que vous nous avez accordé.
SR : Merci à toi de nous donner l’occasion de nous exprimer sur ce projet ! 
SL : Merci à toi ;)




 


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