La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Si l’affaire Dreyfus est connue de tou.te.s, cette bande-dessinée invite à redécouvrir avec brio un scandale d’État.

Le titre a beau reprendre le fameux article d’Émile ZOLA paru dans L’Aurore, le romancier naturaliste n’y a pas le premier rôle, et on suit plusieurs protagonistes de l’affaire au premier rang desquels figure Mathieu DREYFUS, frère de la victime de la cabale militaro-médiatico-politique qui éclaboussa la IIIème République.
À l’instar d’un feuilleton médiatique contemporain, l’auteur nous permet grâce à un dispositif original de vivre les nombreuses péripéties de cette affaire devenue d’État. Effectivement, s’appuyant sur des recherches documentaires conséquentes, Jean DYTAR reprend les codes médiatiques actuels en s’appuyant sur des pages calquées sur celles d’un écran d’ordinateur. Ce faisant, nous pouvons naviguer de réseaux sociaux en interviews, de gazouillis en tribunes et mieux saisir le déroulement de cette affaire aux multiples ramifications au gré d’une actualité riche de rebondissements. Donnant la parole aux dreyfusards comme aux anti-dreyfusards qui se revendiquent antisémites et nationalistes, l’artiste nous fait toucher la complexité de cette affaire d’État dont les enchevêtrements ont tenu en haleine la France de 1894 à 1906.

Cette œuvre est remarquable tant le suspense est prenant alors même qu’on connaît l’issue de cette affaire machiavélique. On ne peut aussi qu’être stupéfaits de la violence des attaques et des mensonges éhontément affirmés par de notables officiers ou politiques. L’affaire Dreyfus, c’est l’Histoire de la France, mais c’est aussi un miroir à peine déformé de notre époque trop encline à médiatiser des faits sans prendre le temps de la réflexion et du recul. J’accuse est plus qu’un réquisitoire, elle est un plaidoyer pour une analyse perspicace et dépourvue de la lie intolérante et xénophobe de notre société.

Le coffret dans lequel se trouve ce bijou d’intelligence ravira les bibliophiles, et son caractère remarquable transparaîtra tant dans la forme que dans le fond.

Lydie et Nicolas