La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bonaventure signe chez Casterman un projet dont il est à la fois le scénariste et le dessinateur. Une première œuvre de science-fiction dystopique où il nous plonge dans un monde post-apocalyptique et totalitaire. Un récit de SF mêlant complot, amitié, trahison, thriller et tradition amérindienne.
 

   Kosmograd est le seul refuge sur une terre dévastée, dernier bastion de l'humanité aux mains d'une toute-puissante compagnie. Alors qu'une tempête dévastatrice s'apprête à faire rage, la jeune Evane se réveille, tirée de sa torpeur par un rêve récurrent lui donnant la vision d'un loup blanc. Dehors, les haut-parleurs scandent des propagandes du pouvoir en place :
"kosmo veille sur vous", "kosmo protégera ses citoyens comme elle l'a toujours fait"... Soudain, dans un crépitement, les ondes officielles se voient pirater et un tout autre discours prend place, expliquant que Korpo leur ment et invitant la population à prendre part à une grande manifestation qu'Evane et ses amis étaient désireuses de rejoindre. Mais cette dernière levée un peu tard s'aperçoit que ses amis s'y sont déjà rendus. Aussitôt, elle se prépare et file les rejoindre. En parallèle, alors que la manifestation commence à dégénérer ses 2 amis Zoya et Paouk tentent de fuir les forces de l'ordre. C'est à ce moment qu'elles se retrouvent nez à nez avec une femme qui s'écroule à leurs pieds, leur demandant d'alerter la population. Mais il est déjà trop tard, la femme décède, victime d'un poison fatal. La police arrive alors sur les lieux et se lance à leur poursuite pensant qu'elles en sont responsables...
   Avec Kosmograd, Bonaventure de son vrai nom Baptiste Corteggianni, nous propose une histoire de SF dystopique dans un monde post-apocalyptique. Une sorte de pamphlet nouvelle génération à la fois polémique et aventureux. Et bien que le thème général ait déjà été maintes fois utilisé, l'auteur le renouvelle de par le ton moderne qu'il emploie et une narration fluide et rythmée. Un album graphique sympathique où l'on se laisse facilement porter par les couleurs vives et les personnages attachants. Côté dessin, il utilise un style simple et semi-réaliste, proche du manga que je ne trouve malheureusement pas assez immersif. Par contre, il y a de véritables bonnes idées dans le découpage avec certaines pleines pages des plus intéressantes, ce qui rééquilibre la balance.

Au final, on passe tout de même un agréable moment en compagnie de ce trio de jeunes héroïnes rebelles. Un album en one-shot, mêlant régime dictatorial, dérèglement climatique, et répression, dans lequel nos protagonistes devront faire face à un choix crucial, entre sororité et survie individuelle, faisant écho à de nombreux problèmes de notre société contemporaine.