L’université des chèvres
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Scénario et dessins : Christian LAX
Éditions : Futuropolis
Christian LAX nous propose de suivre le parcours d’une famille depuis Fortuné CHABERT, instituteur nomade, un « colporteur de savoirs » autrement dit, au XIXème dans les Alpes, jusqu’à son arrière-petite-fille, journaliste.
Fortuné est à la tête de l’université des chèvres, nom donné par un touriste anglais aux instituteurs itinérants. Mais sa fonction est compromise par les nouvelles lois GUIZOT qui imposent un brevet pour enseigner. Il devient donc marchand ambulant pour revoir ses anciens élèves, mais les réticences locales le poussent à tenter sa chance loin de sa montagne, aux États-Unis, pour devenir orpailleur avant de se trouver une nouvelle famille au sein des Indiens Hopis. C’est alors qu’il renoue avec l’université des chèvres en redevenant instituteur. Il devra toutefois de nouveau lutter contre la société, mais cette fois-ci pour permettre aux jeunes Indiens de ne pas être contraints d’intégrer un pensionnat où ils sont assimilés de force et doivent rejeter leur culture indienne. La descendance de Fortuné rencontrera cette violence sous d’autres formes qu’il s’agisse d’une violence sociale ou idéologique aux États-Unis ainsi qu’en Afghanistan.
Cet ouvrage cherche à dénoncer un obscurantisme multiforme conduisant à étouffer toute élévation de l’esprit qui pourtant ouvre les portes de la liberté. En effet, de la fin du XIXe siècle en France au XXe siècle aux États-Unis et en Afghanistan, s’exerce la même violence d’oppresseurs aveugles à toute transmission du savoir au profit d’une intolérance à l’altérité. Aussi deux histoires différentes reliées uniquement par la filiation des personnages principaux se succèdent-elles. On chemine aux côtés de Fortuné avec plaisir même si l’ellipse qui nous le fait le quitter paraît abrupte. Le souffle de l’aventure et des risques qui lui sont inhérents contribuent néanmoins à l’unité de l’ensemble. Par ailleurs, les dessins très précis et réalistes nous replongent dans un passé délicieusement nostalgique, souligné par les couleurs pastel, sans perdre de vue les violences d’autres époques et contrées.
Christian LAX nous propose alors un magnifique ouvrage dont la richesse en particulier documentaire n’a d’égale que l’affirmation de valeurs universelles.
Lydie et Nicolas
Nicolas
Chroniqueur
La Bande Du 9