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La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Bandeau de l'article La désobeissance d'Andréas Kuppler

La désobeissance d'Andréas Kuppler

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La désobéissance d’Andréas Kuppler
 
D’après l’œuvre de Michel Goujon
Scénario : Corbeyran
Dessin : Manuel Garcia
Couleurs : Degreff

 
Alors que les Jeux Olympiques d’hiver de Garmisch-Partenkirchen de 1936 se terminent, le journaliste sportif Andréas Kuppler est suspecté de collusion avec l’ennemi. Il faut dire qu’il a osé accorder une danse à une journaliste américaine juive. Dans cette Allemagne nazie, il n’en faut pas plus pour attirer des ennuis mortels…
Corbeyran et Manuel Garcia mettent en image le bouleversant roman de Michel Goujon avec beaucoup de justesse.
 

Pour Andreas Kubler, les Jeux olympiques d'hiver de Garmisch-Partenkirchen sont l'occasion de s'évader. Il faut dire que la vie de couple du reporter sportif n'est plus aussi rose qu'au début de son mariage. Les Jeux Olympiques, c'est pour lui la possibilité d'échanger avec des confrères étrangers, d’écouter du blues et du jazz… C'est alors qu'il rencontre la sublime et sulfureuse Susanna Rosenberg. Sulfureuse car la journaliste américaine est juive mais elle est si belle qu'Andreas succombe à ses charmes. Ensemble, ils vont échanger quelques mots et quelques danses : rien de bien sérieux ! Mais pour la Gestapo, ces actes sont une trahison et Andreas devient immédiatement suspect. Il faut dire que dans cette Allemagne gangrenée par l'idéologie nazie, tout ce qui ne participe pas activement est immédiatement et irrémédiablement mis à l'index. Cette situation trouble Andreas mais elle donne pleinement satisfaction à sa belle-famille. Inexorablement, l'étau se referme sur le journaliste sportif sans qu'il sache précisément ce qu'on lui reproche, sans qu'il sache quel rôle joue ses proches...

Dans les livres d'histoire, 1936 n'est pas l'année la plus importante qui soit. Bien sûr, il y a les jeux de Berlin, la victoire de Jesse Owens et la propagande nazie mais celle-ci n'est ni plus ni moins virulente que celles des autres années. Andreas Kuppler est un journaliste certes réputé mais dont l'influence se limite au sport. Une sorte de Monsieur tout le monde à une époque lambda dans l'Allemagne nazie. C'est en effet elle qui est au centre de cet album, adaptation magistrale du roman de Michel Goujon, publié en 2013. L'Allemagne qui perd les pédales en même temps qu'une partie de son âme dans les autodafés de Goebbels. Cette Allemagne, elle nous est racontée par Andreas Kuppler, un allemand comme tant d'autres ni pour ni contre mais tout simplement humaniste. C'est à travers ce regard que l'on découvre les ravages de la propagande et de la furie nazie. Son regard et celui de son épouse car si une grande partie de l'intrigue se concentre sur le journaliste, l'épouse est au moins aussi importante : son regard ambigu de femme amoureuse et de fille d'un couple de prussiens pronazi est au centre de l'intrigue. Tout cela ferait presque oublier le contexte international avec en toile de fond les Jeux Olympiques et leur lot d'espionnage, au moins supposé. C'est donc avec beaucoup d'élégance et de finesse que Corbeyran adapte ce roman. Il en reprend la construction et réussit à y insuffler une ambiance de terreur typique de cette époque. Le lecteur prend immédiatement fait et cause pour le héros et craint pour sa vie à chaque coin de rue. Pardon, à chaque coin de page ! Et puis il y a le dessin de Manuel Garcia. Le dessinateur de comics est comme un poisson dans l'eau avec ce super héros du quotidien. Avec un trait frustre tout en étant extrêmement dynamique, le dessinateur espagnol rend à merveille cette impression de gueule de bois qui semble avoir envahi les Allemands. Les personnages ne manquent jamais de charisme même si leur contour s’efface parfois au profil de la collectivité. À cette litanie de compliments, il ne faut pas oublier l'atmosphère sombre, pour ne pas dire morbide, distillée par la colorisation de Degreff.

Alors que les populismes sont toujours de plus en plus présents, La désobéissance d'Andreas Kuppler expose avec justesse et brio les rouages de la prise de pouvoir sur les esprits par les nazis. Un ouvrage historique autant que littéraire terriblement d'actualité.
 

Cédric
Chroniqueur
La Bande Du 9


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