La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Un ado de 15 ans sombre dans le coma après le massacre de toute sa famille par sa sœur. Six ans plus, il se réveille adulte mais amnésique et paralysé. La psychiatre Anna Kieffer, qui avait suivi la sœur souhaite traiter le survivant. Un lien se tisse alors qui risque de bouleverser leur vie.
Après Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher revient avec un thriller psychologique absolument génial. Une véritable tuerie !!
 
Une rue d'une banlieue pavillonnaire. Une patrouille de police comme tant d'autres. Une jeune fille qui erre, couverte de sang, un couteau à la main. La découverte d'une tuerie : le massacre des grands-parents, parents, frère et sœurs. Six ans plus tard, Pierre Grimaud, le seul survivant du « massacre des Corneilles » sort d'un profond coma. Ses blessures physiques se sont cicatrisées mais celles psychologiques l’ont rendu amnésique et paralysé. C'est la docteur Anna Kieffer, crimino-psychologue ayant déjà suivi sa sœur, qui le prend en charge. Elle tente de faire resurgir des souvenirs; il lui parle d’un mystérieux homme en noir qui revient toutes les nuits pour le faire souffrir. Entre le patient et son médecin, une complicité se crée mais sont-ils vraiment sincères l'un envers l'autre…

La relation entre un psychanalyste et son patient est toujours quelque chose de très ambigu. Mais lorsque le soignant s'avère être une femme dont le couple bat de l'aile et que le patient est un jeune homme de 21 ans qui sort de six années de coma, le lien entre les deux peut virer totalement malsain. C'est en substance le cadre cette histoire racontée par Timothé Le Boucher. Bien évidemment, si on en reste là, l'intrigue risque de n’intéresser que quelques étudiants en psychologie. Le talent de l'auteur est de placer cette relation au cœur d'une enquête policière. Une famille a été totalement massacrée, la sœur aînée retrouvée errante un couteau à la main. Après quelques séances avec la psychologue, elle se suicide. Seul son frère cadet a survécu. Après six années de coma, le gamin de 15 ans se réveille adulte de 21 ans et la même soignante décide de le suivre. A-t-elle des doutes sur la culpabilité de la sœur ? à quoi correspond l’homme en noir qui hante les nuits de Pierre et le brutalise ? N'est-il qu'une manifestation de son subconscient ? Durant plus de la moitié de l'album ces questions taraudent le lecteur. Et encore, je suis gentil car le style réaliste de Timothé Le Boucher rend ce cauchemar absolument effrayant. Tout doucement, on suit le cheminement d'Anna et des doutes se font multiples. Après, il y a ces mystérieux passages introspectifs, sur fond noir, qui nous désorientent complètement. Enfin, la vérité se fait jour mais là encore le lecteur est en avance sur les personnages et l'anxiété va toujours crescendo. C'est indéniablement un des points forts de Timothé Le Boucher. En tant que scénariste, il réussit à distiller les éléments de son intrigue en laissant monter le suspense.
Son style pictural reste le même que pour Ces jours qui disparaissent. Mélange de fluidité, de vivacité et de justesse, il rend les personnages très attachants sans négliger les arrière-plans. Mieux encore, on découvre un talent magistral quand à l'insertion de détails, de perspective et de jeux de miroir qui n'en sont pas.

Avec Le patient, le jeune Timothé Le Boucher prouve qu'il appartient à cette jeune génération de scénariste dessinateur qui impose ses thèmes, son rythme et son style avec un brio absolument immense.

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