La bande du 9 : La communaut du 9ème art

 Le duo Matz et Philippe Xavier revient en force pour nous offrir l'un des meilleurs albums de la rentrée. Un polar noir des plus réussis qui confirme le fait que leur collaboration fait des merveilles. On se laisse très facilement emporter par leur histoire, qui nous transporte aux côtés de Joe, un ancien gangster repenti, dans un road-trip dépaysant. Une chasse à l'homme inspirée des années 70 et du démarrage du programme fédéral de protection des témoins aux États-Unis. Un album somptueux à lire sans tarder
 

    Dès les premières pages, nous sommes transportés dans les années 70 aux côtés de Joe traversant le désert de l'Ouest américain à bord d'un vieux camping-car. Un jour, alors qu'il fait halte dans l'Utah, il fait la rencontre d'un petit quadrupède blessé qu'il recueille. Au premier abord, il le prend pour un chien, mais il s'avérera par la suite qu'il s'agit d'un coyote. Une rencontre singulière qui l'accompagnera tout au long de son périple. Devenant son compagnon de route, l'oreille attentive et patiente écoutant l'étrange histoire de la vie de son sauveur. Joe est un ancien gangster repenti et il bénéficie du tout nouveau programme fédéral de protection des témoins. Malheureusement, depuis l'assassinat en Californie du principal témoin pouvant mettre définitivement sous les verrous les plus grand ponte de la mafia new-yorkaise, Joe est devenu l’unique personne à même de témoigner à ce procès. Acceptera-t-il le rôle que le FBI veut qu'il endosse et parviendra-t-il à échapper aux deux tueurs à gages lancés à ses trousses ?
Dans ce polar noir, le ton réaliste de Matz fait mouche. Il nous livre une histoire dense et très prenante, un petit bijou de plus de 140 pages, s'inspirant de la French Connection et de la naissance du WitSec (programme fédéral américain de protection des témoins). Il déroule les détails de son scénario, très bien documenté, ponctué de flash-back, avec finesse et efficacité. Il nous tient en haleine, page après page s'appuyant sur une narration à la première personne, mettant l'histoire que Joe raconte à son coyote au centre de tout, parvenant ainsi à nous faire nous attacher à ce personnage haut en couleur et peu recommandable. Graphiquement, Philippe Xavier livre une prestation magistrale, agrémenté de magnifiques paysages en pleine page. Le rythme narratif qu'il nous propose nous pousse à la contemplation. Ici, son dessin est plus maîtrisé que jamais, offrant des personnages très expressifs et des décors à couper le souffle. Le tout est sublimé par le travail du coloriste Jérôme Maffre qui les accompagne à la mise en couleurs depuis quelque temps.

Le résultat final est tout bonnement bluffant, sans nul doute l'un des meilleurs albums de ce mois de septembre. Un one-shot qui vous tient en haleine du début à la fin et qui s'intègre parfaitement à la prestigieuse collection Signé. Vous l'aurez compris, "le serpent et le coyote" est un véritable coup de cœur que je vous recommande vivement.