La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Après deux ans de règne d'Heliogabale, Rome est exsangue! C'est le moment que choisi Julia Mamea pour lancer son fils, Alexianus. La rivalité entre les deux soeurs atteint alors son paroxysme.
Suite et fin de l’évocation d’une dynastie de femmes hors du commun dans une Rome livrée à la débauche. Des Reines de sang remarquables!
 
Cela fait maintenant deux ans qu’Heliogabale est sur le trône de Rome. Deux ans que la ville est transformée en cirque et en lupanar. Deux ans pendant lesquels le Sénat, les nobles, les prêtres, les prétoriens et même sa propre grand-mère Julia Maesa ont comprit la lourde erreur qu'ils ont commises. Le jeune empereur est lunatique et dépensier. Si son homosexualité est tolérée, son attachement viscéral au culte de la pierre noire pose un réel problème. Et puis, sa mère, la sournoise Julia Soemia ne fait qu'aggraver la situation. Rome décide donc qu’il est temps de le remplacer. Le successeur tout désigné n'est autre que son cousin, Alexianus. Il faut dire que le jeune homme a toutes les qualités pour le poste. Dès son enfance, sa mère, Julia Mamea lui a offert une éducation romaine, le préparant à devenir empereur. Le voilà donc couronné co-empereur, à côté de son cousin. La machination fomentée par Julia  Mamea est donc en place mais, de son côté, sa sœur est bien décidé à vendre chèrement sa peau, et celle de son fils.

Il est des empereurs qui ont plus marqué Rome que d’autres. Bien sûr, il y a César (même s'il n'était que dictateur) ou Auguste. Et puis, il y a Caracalla, qui a laissé les plus beaux thermes de la vile éternelle. En revanche, ses successeurs n’ont laissé que peu de traces. C'est pourtant eux, et surtout leur génitrice qui sont au cœur de ce triptyque des Reines de Sang. Elles étaient trois Julia, Lucas Blengino leur consacre donc un album à chacune. Cet ultime volet de la trilogie est consacrée à la plus jeune et à la plus discrète des trois Julia, Julia Mamea. Si l’intrigue donne beaucoup de place aux rejetons des deux sœurs, c'est bien elles qui tirent les ficelles et le scénariste ne laisse aucune ambiguïté. Cela donne un récit au rythme saccadé entre les visions des deux frangines. C'est cependant bien Julia Mamea qui est au centre de cet album et cela se voit dès la première page où on assiste à sa naissance pour le moins glaciale. S'ensuit une rapide évocation de son enfance et sa jeunesse. Évidemment, cela explique beaucoup de choses ! Le tour de force des artistes tient dans le fait que, contrairement à sa mère et à sa sœur, elle ne semble pas téléguidée vers le pouvoir. D'une nature réservée, elle ne parle que lorsqu'elle y est contrainte. Mais ses ennemis auraient tort de ne pas s'en méfier car elle va se révéler une véritable reine de sang, prête à éliminer son neveu  et sa sœur pour son fils, et pour elle-même. Une nouvelle fois, le trait réaliste d’Antonio Sarchione fait merveille. Dès la première page, on sait qu'on n’échappera à rien, ni au sang ni à la violence et encore moins à la vindicte populaire. Le dessinateur sait aussi se faire excellent narrateur avec des décors romains à la fois justes et précis tant à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le classicisme des dessins étant en parfaite adéquation avec le récit. Les personnages sont aux antithèses avec un Heliogabale androgyne et un fier Alexianus ou une brune sorcière et une blonde réservée. C’est cependant la violence intrinsèque à cette époque qui transparaît le mieux mais qui fait qu'il ne faut pas laisser cet album entre les mains des plus jeunes.

Avec cet album se clôt la trilogie consacrée aux trois Julia,  trois femmes qui, à leurs manières vont profondément marquer l'Empire romain et l'esprit des lecteurs.

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