La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Renaissance réussie pour le héros de William Vance désormais sous la plume de Christophe Bec et sous le trait réaliste de Carlos Puerta.
 
Gibraltar, 1803. Après ses exploits et ses déboires, le jeune capitaine Hawker est convoqué à bord du Victory, auprès de l’amiral Nelson. Le chef de la Royal Navy dresse la liste des principaux faits d’armes de son subalterne avant de lui confier, en même temps que la barre du Lark, que l’Angleterre a besoin d’hommes de sa trempe. Endommagé, le navire doit être reconduit à Londres pour y subir des réparations. Rien de bien passionnant, même si l’océan est infesté de navires espagnols et français. Ce qui perturbe le plus l’équipage, c’est pourtant la légende qui auréole le capitaine et son bateau. Lequel des deux est maudit ? C’est alors que la vigie aperçoit une étrange goélette. Une goélette dont les voiles sont flanquées d’une mystérieuse croix de vermeille…
 
Né en 1976 dans le magazine Femme d’aujourd’hui, le jeune héros de William Vance s’est rapidement fait une place au Panthéon de la bande dessinée. Cheveux blancs aux reflets azur et regard bleu océan, le capitaine Bruce. J Hawker avait tout pour plaire. Les Français parvenaient même à lui pardonner son uniforme britannique. Après avoir sillonné les mers et les océans vingt ans durant, le marin prit sa retraite en 1996. Mais ne dit-on pas que les héros sont immortels ? C’est ainsi que Christophe Bec a depuis longtemps en tête de ressusciter l’illustre navigateur. Après une tentative avortée de reprendre un projet de Vance, le scénariste a décidé de repartir d’une feuille blanche. C’est ainsi que l’album s’ouvre 1307 en France. Avertis que Philippe IV Le bel souhaite liquider leur ordre, quelques Templiers réussissent à rejoindre La Rochelle et à embarquer vers le nouveau monde. Anachronique me diriez-vous ? Car c’est Christophe Colomb qui a découvert l’Amérique en 1492. C’est oublier quelques vestiges Vikings précolombiens. Quel lien alors avec le capitaine de la Royal Navy du début du XIXe siècle ? Je me garderai bien de vous répondre, mais je peux tout de même vous dire que le scénariste prend son temps avant de fusionner les deux éléments d’intrigue. Ce n’est cependant pas du temps perdu car cela permet aux lecteurs de se (re)familiariser avec le héros. Regonflé par le soutien du futur vainqueur de Trafalgar, le capitaine Hawker se voit confier une mission simple : convoyer le Lark jusqu’à Londres où le vaisseau doit subir des réparations. Débute alors une intrigue qui se complexifie au fil des pages. Mais qu’on se rassure : la présence de nombreux dialogues permet de ne jamais être perdu. Mieux, ils comblent même les lacunes des lecteurs, sans que cela ne se transforme en un cours magistral. Indéniablement, cette nouvelle aventure est née sous une bonne étoile. Côté dessin, c’est Carlos Puerta qui succède à Vance. Sans surprise, le dessinateur espagnol conserve les traits des personnages tout en les représentant avec son propre style. Cette intéressante alchimie fonctionne à merveille. La précision des traits est très immersive : les coups de vent, les embruns et l’iode nous foutent le visage. Imaginez alors ce que peut créer, chez le lecteur, une tempête ! Mais outre les décors réalistes, c’est le travail sur les personnages qui est à souligner. Le réalisme des traits rend à la perfection les émotions. La variété des cadrages donne l’occasion à Carlos Puerta de nous montrer toute l’étendue de son talent de coloriste en jouant, presque à outrance, avec sa lumière. Quant au découpage, il sert à merveille une narration au rythme aussi saccadé que la houle de l’océan.
 
C’est donc une résurrection totalement réussie que cette nouvelle aventure de Bruce J Hawker. Que vous soyez des aficionados de la série d’origine ou totalement novice, vous allez apprécier.

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