La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Lorsque l’esprit d’un tueur en série revient se venger, sa veuve et le policier qui l’a arrêté se retrouvent en première ligne. S’engage alors la plus terrible chasse au fantôme que Paris ait connu.
Feldrick Rivat adapte son roman La 25e heure que Jean Baptiste Hostache met en image avec brio. La preuve, s’il en était besoin, que la BD peut surpasser la littérature !
 
Paris, 1889. La médium Sélène Fouquart reçoit un client un horaire plus que tardif. Même si cela lui déplaît, elle accepte pourtant d'aider l'importun. Malheureusement, la séance ne se déroule pas du tout comme prévu : l'esprit qui se présente n'est autre que le défunt mari de la médium. Surnommé l'étrangleur et condamné à la guillotine, il revient pour se venger et récupérer son fils. Terrorisée, Sélène reprend contact avec l'inspecteur Lacassagne, le policier qui avait arrêté son époux. Devant la détresse de la jeune femme, le policier à l'allure et aux méthodes peu orthodoxes accepte de jeter un œil à l'affaire. Il doit rapidement accepter l’inconcevable : Victor Coqueret est bien revenu d'entre les morts et il réclame vengeance. Débute alors la plus hallucinant, la plus terrible, la plus spectaculaire chasse aux fantômes que la capitale n'ait jamais connu.

La Naissance du tigre est l'adaptation libre du roman steampunk  et uchronique La 25e heure. L'atout majeur de cette adaptation tient au fait qu'elle est réalisée par le même auteur, Feldrick Rivat. Dans sa postface, le scénariste nous explique la difficulté de son cheminement. Il est difficile d'adapter son propre roman, surtout en bande dessinée où les contraintes sont nettement plus fortes. C'est pourquoi l'auteur a-t-il revu sa copie en profondeur. Les longs passages descriptifs sont devenus de magnifiques arrière plans et l'intrigue a été raccourcie. Ce qui ne change pas, ou peu, ce sont les personnages. Après des débuts difficiles, leurs relations avec le lecteur s’améliorent doucement. Sous sa carapace de froideur, on finit bien par découvrir un cœur qui bat chez l'inspecteur Lacassagne et on devine même une fragilité sous son imposante cicatrice. Fortement réduite, la liste des personnages secondaires offre néanmoins une belle palette de fortes têtes, à commencer par inspecteur Latrille. Et puis, l'intrigue a beaucoup gagné en rapidité. Nous ne sommes plus obligés d'attendre la moitié du roman pour voir l'enquête s'emballer. Elle le fait dès la fin du premier tiers et il devient dès lors presque impossible de se concentrer sur autre chose. De l'aveu même du scénariste, l'inspiration lui est venue des plus grands :  Arsène Lupin, Sherlock Holmes ou Adèle Blanc-Sec. Pour ce qui est du dessinateur, nul doute que les maitres à penser soient les mêmes. Comme Gess avant lui avec ses Contes de la pieuvre, Jean-Baptiste Hostache fait le choix d'un trait old school, mélange de Tardi et d'Adèle Blanc-Sec et de Victor Billetdoux, héros du regretté Pierre Wininger. Le trait est vif, les visages semblent taillés au scalpel et pourtant ils ne manquent pas d'expressivité. Les décors sont précis et détaillés tout en sachant disparaître lorsqu'ils deviennent superflus, lorsqu'il faut se focaliser sur les personnages. Grace à ses choix audacieux, le style graphique vient parfaitement s'adapter à l'intrigue pour offrir une grande fluidité de lecture. Après avoir colorisé pour d'autres, comment Jean Baptiste Hostache pouvait -il ne pas mettre en couleur ses propres dessins. Fidèle à son habitude, il utilise sa palette de couleurs afin d'instaurer des ambiances tout à la fois justes et intrigantes.

C'est donc un album réussi que la Naissance du tigre. Un album qui fait plus qu'être une simple adaptation d'un roman à succès puisqu’il démontre, s'il en était besoin, que la bande dessinée peut surpasser la littérature.

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