La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Une enquête aux frontières du réel dans une ville de Cherbourg uchronique.
Outre sa genèse, cette aventure est un petite pépite qui mélange avec beaucoup de justesse éléments du passé et du futur.
 
A New Cherbourg, sur la plage de Querqueville, l'équipe de natation féminine s'entraîne lorsqu'une nageuse découvre une baleine bleue et poilue. Le spécimen est aussitôt pris en charge par l'armée et discrètement transporté à l'Arsenal. C'est ainsi que l'événement est très rapidement oublié. Quelques mois plus tard, les documents racontant cette rencontre du troisième type sont dérobés dans les bureaux du contre-espionnage de la ville. Ce sont les agents Côme et Pacôme Glacère qui sont chargés de l'enquête. Celle-ci les mène  rapidement vers l'hôtel Roule Palace. S'il identifie vite l'agent ennemie, ils ont plus de difficulté à mettre fin à ses agissements. Pour cela, ils vont avoir besoin de l'aide de Julienne, jeune nageuse et fille du maître oiseleur de l'hôtel. Heureusement, les dossiers sont récupérés et Julienne est embauchée dans le contre-espionnage. Elle est loin de se douter que sa première mission sera de porter un parapluie afin de protéger le secrétaire d'État à la marine et à la guerre. Seulement, à New Cherbourg, les apparences sont souvent trompeuses...

La bande dessinée et la presse ont toujours fait bon ménage. Cette affirmation nous fait immédiatement penser aux journalistes satiriques qui ont jalonnés l'histoire de France. Comment ne pas penser à ceux qui font perdurer cette tradition comme Riad Sattouf dans L'Obs. Néanmoins je pensais davantage à la presse régionale qui, il y a bien longtemps de cela maintenant m'avait fait découvrir La croix de Cazenac de Stalner. Cette fois-ci, c'est plutôt l'édition traditionnelle qui va chercher une petite pépite du côté de la Presse de la Manche. Et cela pour notre plus grand plaisir! Les deux enquêtes compilées dans cet album ont ainsi été découvertes par les cherbourgeois bien avant les Français. La première est particulièrement rythmée à l'image de la course-poursuite qu'elle met en scène. C'était également un album d'ouverture avec tout ce que cela implique de présentation du cadre et des personnages. En cela, c'est une réussite totale. Par la suite, la seconde intrigue  perd un peu de vivacité et égare un peu son lecteur. On comprend moins où le scénariste souhaite nous emmener. Certes la liste des personnages s'étoffe, certes le rôle des grondins se précise mais quid de Gus et de ses volatiles? À moins que cela ne soit qu'une diversion constituée par une intrigue policière annexe! Toujours est-il que le lecteur se laisse très rapidement embarquer dans cet univers si proche, si familier, un peu nostalgique et pourtant si différent. Cette atmosphère qui n'est pas sans nous faire penser aux classiques de la bande-dessinée franco-belge. Et puis, il y a le choix de Romuald Reutimann d'opter pour une classique ligne claire. Cela donne un petit côté vintage absolument délicieux. Et même si cela simplifie parfois les traits des personnages, les auteurs veillent a toujours les rendre reconnaissables et expressifs. Les décors aussi sont un peu old school, dignes de Jacques Tati de son célèbre Monsieur Hulot. L'ensemble est finalement colorisée dans des tons un peu délavés totalement en adéquation avec le dessin. Les couleurs sont tantôt vives pour le fantastique, tantôt plus douces pour plus de réalisme mais toujours au service du trait.

C'est donc une jolie surprise que ce New Cherbourg  Stories, un album hors des sentiers battus qui prouve que la ligne claire n'est pas morte et, qu'avec beaucoup d'ingéniosité, elle peut encore nous livrer de jolie petite pépite. Je terminerait par une supplique: Messieurs les auteurs, s'il vous plait, offrez nous une suite !

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