Proies faciles
Scénario - Dessin : Miguelanxo PradoEditions : Rue de Sèvres
Succession de meurtres par empoisonnement, les inspecteurs Tabarès et Sotillo ne sont pas au bout de leurs surprises lorsqu’ils vont découvrir les assassins et surtout leurs mobiles.
Mars 2014, L’inspectrice de la police espagnole, Olga Tabares et son adjoint Sotillo sont appelés pour constater le décès d’un homme de 37 ans retrouvé mort dans son appartement. Cet homme célibataire est commercial à la Banque Ovejero. Pendant que les légistes et la scientifique étudient les circonstances de cette mort, Tabarès va enchainer jour après jour une succession de décès suspects. La Directrice de la succursale Bancanova, Le Directeur Générale de Bancamar, une contrôleuse financière de la Banco Consignatario… La panique et les interrogations commencent à perturber la jeune inspectrice. Les résultats des autopsies sont formels, il s’agit d’empoissonnement. Le doute n’est plus permis, il s’agit d’actes prémédités. Il est temps d’accélérer l’enquête et de trouver un lien entre ces victimes ayant toutes une activité dans le monde de la finance.
Après l’excellent album « Au fil de l’eau » (traitant de la détresse sociale des personnes âgées en Espagne par Juan Diaz Canales), les éditions Rue de Sèvres nous propose un nouveau chapitre tout aussi dramatique sur le sujet.
Dès les premières planches, Miguelanxo Prado attaque le sujet tambour battant pour placer le lecteur dans la stupéfaction par le suicide de deux personnes âgées menacées d’expulsion. Le projet de l’auteur est simple, utiliser la violence d’un polar avec ses ingrédients de victimes, d’assassins, de suspense, d’immoralité, pour faire passer un message, une alerte sociale sur les conditions précaires d’une partie de la population. L’interrogation est finalement de se demander quelles sont les vraies victimes dans cette affaire ?
Car au-delà du Polar dont la mise en place narratif permet de lire et aime cette BD lors d’une première lecture, le sujet de fond est bien la dénonciation des actes bancaires menés en Espagne au début des années 2010 appelés « les actions préférentielles ». Cette opération avait pour but de faire souscrire de manière abusive à des personnes âgées ayant de l’épargne, des produits financiers finalement sans valeur ajoutée mais ayant pour conséquence de geler cette épargne voire même mettre sur la paille certains foyers.
Un récit choquant et émouvant que Prado mène magistralement par son dessin en noir et blanc mêlant le crayon et le lavis.
Eric
Chroniqueur
La Bande Du 9
