La bande du 9 : La communaut du 9ème art

Semences sous influences
 

Scénario, dessin et couleurs : Renaud DE HEYN
Éditions : La Boîte à bulles
 

L’auteur revient sur le combat toujours actuel entre industries agrochimiques et artisan.e.s du vivant autour des semences avec l’intérêt financier et le rendement pour l’un, et l’intérêt général avec la sauvegarde de la biodiversité pour l’autre.
 

Après avoir rappelé la révolution agricole intervenue au Néolithique, l’auteur propose une investigation sur les semences, premiers jalons de la culture de la terre. Effectivement, si initialement les semences étaient sélectionnées à partir des récoltes, la France d’après la Seconde Guerre mondiale s’est lancée dans une politique agricole productiviste qui a entraîné un changement de paradigme pour les paysans devenus agriculteurs, et les semences devenues hybrides, stériles, et devant désormais s’adapter à la mécanisation des techniques agricoles tout comme à la rentabilité accrue des champs. Le cahier des charges auquel elles sont soumises renvoie à des critères idoines pour les besoins des industriels, l’homogénéité, la stabilité, le rendement et la résistance et la facilité d’exploitation. Dès lors, les charges contre les semences à l’ancienne vont se cristalliser autour du catalogue officiel qui privilégie les intérêts privés de groupes industriels au détriment de la pratique ancestrale de don et d’échange de graines.
 

 
Cette bande-dessinée permet de suivre les progrès techniques de l’agriculture et de comprendre la régression du vivant qui les a accompagnés jusqu’aux procès intentés aux défenseur.e.s d’une biodiversité accessible à chacun.e tels ceux de Kokopelli. De plus, le dessin porte à merveille la vocation pédagogique indéniable de l’ouvrage, et nourrit des planches originales et détaillées. Toutefois, on pourra regretter - pour les plus jeunes - les pages concernant les combats au sein de l’Union Européenne qui peuvent paraître obscures tant les détails y abondent.
 

 

Enfin, le lecteur pourra retenir cette phrase de Marc VAN OVERSCHELDE paysan de la ferme du Hayon en Wallonie : « Moi je ne veux pas d’une exploitation agricole. On n’exploite pas la terre. Si on l’exploite, on l’appauvrit. La terre on l’entretient ». C’est à méditer surtout si l’on prend en compte un rapport de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture de 2019 qui alerte sur le risque de pénurie alimentaire engendré par l’agriculture industrielle.

Lydie et Nicolas
 

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