Cigalon

De mémoire de vieux provençaux, jamais personne n’a vu un client mangé au restaurant Cigalon. Susceptible et irascible, Cigalon ne cuisine plus … que pour lui. Mais quand son ancienne blanchisseuse, madame Toffi, vient lui annoncer qu’elle va ouvrir une auberge à coté de son restaurant, Cigalon monte sur ses grands chevaux et lui déclare la guerre. Désormais, il est prêt à recevoir tout le monde, même des gens peu fréquentables…
Eric Stoffel, Serge Scotto et Eric Hübsch poursuivent l’adaptation des œuvres de Marcel Pagnol avec ce Cigalon au parfum provençal. Un véritable régal !!
 
Dans son village provençal, le restaurant Cigalon est une institution. Le chef Cigalon a officié à l'hôtel Noailles, à l'hôtel Splendid et même chez Orand ! Il est même celui qui a redécouvert la recette du faisan farci ! Seulement voilà, depuis plusieurs années qu'il a repris le restaurant, la seule chose qu’il livre aux clients, c'est le magnifique panorama sur les collines qu’offre sa terrasse. S'il cuisine, c'est uniquement pour lui ! Si les clients veulent manger, ils n'ont qu'à emmener leur nourriture ! Irascible et péte-sec, quoique ayant toujours le sens de la formule, Cigalon envoie promener tous les plaisantins qui osent lui demander à manger. Mais par un beau dimanche, madame Toffi, sa blanchisseuse, vient lui annoncer une nouvelle. Puisque il refuse de servir les clients, et qu'il y a des clients potentiels, elle a décidé d'ouvrir sa propre auberge ; juste à côté de Cigalon. Elle lui propose même de les lui envoyer se faire refuser avant ! Vexé et piqué au vif, Cigalon lui déclare la guerre !
Lorsqu'un homme élégant sort d'un taxi, les deux se battent pour le faire revenir dans leur restaurant, sans même se rendre compte qu'il s'agit d’une des pires canailles des bas-fonds de Marseille…

Depuis plusieurs mois, les éditions Bamboo ont entreprit de mettre en images, et en bulles, les textes de Marcel Pagnol. C'est ainsi que les mémoires de l'enfant qui était Pagnol ont prit corps. D'autres textes, encore plus emblématiques, ont suivi à l'image de Topaze ou Jean de Florette. Mais Pagnol, c'est également des textes presque moins connus. Même si elle est une des pièces les plus joués du gamin d’Aubagne, ce Cigalon en fait partie. Cigalon, c'est l'histoire d'un four ! À l'origine, il s'agit d'un film de 1935. Malheureusement, des contraintes artistiques et techniques nuisirent au film qui ne trouva pas son public. Bien plus tard, au théâtre puis à la télévision, ce fut une autre paire de manches. Interprété par Georges Folgoas puis Michel Galabru, Cigalon a démontré tout son potentiel comique. En effet, l'auteur provençal use et abuse, mais toujours de main de maître, de tous les procédés comiques. Et une fois de plus Serge Scotto et Éric Stoffel réussissent à les faire passer à travers un scénario  rythmé où les ellipses et les quiproquos sont autant de régal. Il en est un autre qui s’en paie une sacrée tranche, c'est Éric Hübsch. Le dessinateur du Chant d'Excalibur et de Topaze dresse une galerie de personnages aussi hauts en couleur qu’attachants. Il a réussi même à insérer « son » Topaze en train de dîner chez Madame Toffi. Il faut dire que son  trait caricatural se prête à merveille à cette comédie. C'est ainsi que chaque défaut des personnages, et ils sont nombreux, devient autant d'éléments de rire.

Il n'y a pas à dire, et tant pis si mes jeux de mots sont un peu réchauffés, ce Cigalon est véritablement à consommer sans modération.