La bande du 9 : La communaut du 9ème art

A Los Angeles, le détective Jerry Fifth entend des voix; celles des étoiles filantes d’Hollywood désormais éteintes. Elles lui demandent de mener une enquête sur leur mort…
Une enquête implacable dans l’univers du cinéma des années 50 avec sexe, drogue et politique en toile de fond magistralement mise en image par Attila Futaki.
 
Jerry Fifth connaît tous les péchés de Los Angeles. Et pour cause, il exerce la profession de détective privé dans la cité des anges. Alors qu'il attend une jeune femme, qui ne viendra jamais, il se lie avec son voisin de comptoir dans la même situation que lui. Jerry a des acouphènes et aussitôt son nouvel ami Cornell imagine que cela pourrait être des fantômes du cinéma, ruinés ou abandonnés, suicidés ou assassinés qui chercheraient à communiquer avec les vivants. Il affirme également connaître les secrets sur la disparition d'une starlette, Louise Sandler et demande à Jerry de diligenter une enquête. Très rapidement, le privé se retrouve sur la piste d'un dirigeant de la MGM, un certain Harry Van Dick que Jerry connaît mieux sous le pseudonyme de Cornell. Si l’affaire est rondement menée, elle a permis aux fantômes de comprendre le rôle que pouvait jouer Jerry. Il n'en a pas fini avec les anges déchu.

Si pour certains scénariste, l’Histoire est une base inépuisable d'histoires, Stéphane Desberg préfère son patrimoine familial. Avec Aimer pour deux, il nous racontait l'histoire de sa mère. Avec Movie Ghost, il s'inspire de la vie de son père Robert, distributeur MGM. De cette expérience hollywoodienne, le scénariste conserve beaucoup de souvenirs dont certains se sont transformés en fantômes qu'il a souhaité faire remonter à la surface et partager avec le lecteur. Ces fantômes, ce sont ceux des étoiles filantes désormais éteintes du cinéma. Pour se faire entendre, ces fantômes ont trouvé un vivant : Jerry Fifth. Quoi de mieux qu’un détective privé pour élucider les mystères qui entourent leur mort. C'est exactement ce qu'un certain Cornell va se dit un soir dans un bar. Il lance donc Jerry sur la piste de l'assassin de Louise Sandler. Rapidement, Jerry comprend dans quoi il a mis les pieds et nous, lecteur, on se demande comment le scénariste va pouvoir tenir cette intrigue sur tout un album. La réponse est simple :  il ne le fait pas !  puisque à la moitié de l'album, le tueur est démasqué. C'est alors que l'on comprend que nous n'avions à faire qu'à l'exposition, déjà magistrale et que la réelle intrigue va seulement débuter. Comme souvent dans les récits noirs, l'ambiance et l'atmosphère prédominent les rebondissements et c'est le cas ici. Pour autant, l'intrigue est bien construite. Elle part d'une base historique solide et on prend un réel plaisir à la découvrir. Surtout que le scénariste s'est adjoint les services du dessinateur hongrois Attila Futaki. Découvert en France avec le succès de Hypnos, scénarisé par Laurent Galandon, le dessinateur poursuit sa route avec toujours le même talent. On retrouve des personnages caricaturés comme lui seul sait les faire et évoluant dans des décors d'un très grand réalisme. Et puis, il y a son sens de la mise en scène : petite et grande vignette, cases de forme variées ou  en insert, plongée et contre plongée, plan large ou gros plan ; tout y passe pour donner du peps à cet album. Le résultat est digne des meilleurs film d'Hollywood!

Los Angeles est la cité des anges mais imaginez si les anges déchus du 7e art, devenus fantômes cherchaient à faire payer ceux qui les ont humiliés. Stéphane Desberg et Attila Futaki l'ont imaginé pour vous dans ce diptyque dans l'ouverture est digne de la palme d'or.

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